Carine de Marin : Ô Design Mural

Chez Carine, c’est le mur qui s’exprime !

On dit des artistes qu’ils ont la tête en l’air. Carine a les mains bien ancrées dans la matière et renverse les codes. Elle prouve qu’une intellectuelle peut être une manuelle et que les murs ne servent pas qu’à accrocher des objets d’art mais ont le pouvoir d’en devenir. Open a eu le privilège d’entrer dans son univers géométrique et minéral où les volumes cohabitent ingénieusement avec l’élégance des motifs. Nous vous proposons une petite rétrospective d’une femme pleine de ressources et qui marque son temps de son empreinte.

Bonjour Carine, qui es-tu ? Que fais-tu ?

Je suis Carine de Marin et je suis directrice murale, artiste de formation designer et je crée des produits muraux essentiellement, ces derniers me permettant de proposer des motifs numérotés et signés en fonction des demandes. Il s’agit de motifs 3D sur les murs intérieurs et extérieurs mais aussi les portes de placard.

Comment réalises-tu ces motifs 3D ?

C’est une technique secrète que j’ai mise au point il y a maintenant 15 ans, suite à un voyage en tant que styliste photo pour le mobilier européen. Nous allions dans de très belles maisons de Ricciotti et compagnie. Et je constatais que souvent, les revêtements muraux étaient tous similaires. Nous avions, au mieux, du béton branché, du bois massif, des lattes de bois, du très beau papier peint ou de la peinture, mais rien de révolutionnaire. À ce moment, je sortais des Beaux-arts en section design, textile et surface. Il faut savoir que Mulhouse est  très forte en création de motifs, avec entre autres DMC ou le Miz, nous avons cette culture du motif, de l’étoffe. Je baignais donc dans cet univers. C’est au retour d’un voyage pour de la photo dans une très belle maison au Portugal, près de Porto, qu’un flash m’est venu dans l’avion et j’ai su ce que j’allais faire. Au Portugal, ils ont ce carrelage qui est collé en façade des maisons, cela m’a inspiré. J’ai rencontré un sculpteur qui m’a appris à sculpter le bois, j’oscillais entre plusieurs techniques, sans me dire nécessairement que je ferai carrière dans le textile. J’avais envie de toucher la pâte, ce qui m’a conduit à faire des azuelos en façade. La France n’était pas dans cette culture et j’ai compris qu’il fallait miser sur un motif 3D en relief subtil qui ne se voit pas forcément tout de suite, quelque chose de l’ordre de la sensorialité. Je suis rentrée, j’ai mûri le projet, j’ai pensé mes premiers motifs manuellement, avec une scie sauteuse et différents matériaux qui me permettaient d’avoir des épaisseurs. Cela m’a conduit à réaliser mon premier chantier. Le résultat me plaisait et la cliente était ravie. J’ai ensuite commencé à développer le produit autrement, pour être plus démocratique, plus performante dans la pose, plus rapide aussi, jusqu’à atteindre l’outil que j’ai aujourd’hui et que je ne révèle pas, mais qui est performant et adapté à toute forme de chantier, petit ou grand. Dans le design, nous développons un processus, un concept avec une volonté de le multiplier. Ma méthode flirte donc entre art, design et artisanat. J’ai ensuite fait une formation de bouzaroui ainsi qu’un brevet de technicien en agencement qui est l’équivalent d’un bac pro avec un côté très technique. Aujourd’hui, mes clients cherchent une décoration murale, mais également une signature, quelque chose qu’ils soient les seuls à posséder et qui se pérennise dans le temps.

Quels sont tes objectifs de développement de la marque ?

La technique est usante, car c’est un travail d’artisan, on parle ici de maçonnerie puisque les matières que j’utilise sont des enduits. Je fais cela depuis 20 ans, j’en ai 40 aujourd’hui, donc 20 ans de chantier, de maçonnerie, de talochage, d’enduits, de murs, c’est éprouvant. J’ai donc tout récemment décidé de limiter au maximum la pause physique sur les chantiers pour me consacrer au process, au prospect et au développement, voire même à d’autres produits qui sont en cours. Il s’agit donc de me reconcentrer sur le dessin, sortir de nouveaux prototypes ou parler de ma marque car je pense être la meilleure ambassadrice de mon produit. je pense donc laisser de plus en plus la pose à des partenaires en qui j’ai entièrement confiance. Pour cela, j’ai fait le choix de travailler avec l’entreprise Sondenecker qui pose pour moi. Ils sont d’ailleurs présents dans le showroom «Le Beau Détour» qui nous représente.

Comment s’est passé la compréhension des gens sur le fait que tu sois artiste et pas uniquement artisante ?

Je n’ai pas fait d’étude de marché, je me suis lancé au bon sens. Mes clients ont souvent une doléance et n’arrivent pas forcément à trouver le produit dans les grands supermarchés du bricolage ou dans les matériaux de revêtement. Ils viennent donc à moi en me demandant expressément un travail spécifique. Ils sont en demande de cette matière, mais n’arrivent pas forcément à l’exprimer. Les magazines de décoration ont permis de développer une culture visuelle auprès du public. Ils savent ce qu’ils veulent, mais ne savent pas l’expliquer et encore moins vers quel prestataire s’orienter. Des matières qui permettent le rendu 3D n’existaient pas il y a 15 ans, il a fallu créer le nid et c’était très difficile parce que j’étais jeune et je n’étais pas construite comme aujourd’hui.

Quelle est la valeur ajoutée de Carine de Marin ?

L’écoute, le temps, le sérieux et le respect des délais. C’est important quand on parle de chantier, car je suis une artiste et une designer, mais à un moment donné, il y a un chantier à respecter et là, on entre dans un corps de métier qui est celui du bâtiment. Cela signifie qu’il y a des délais à tenir, mais également qu’il va falloir s’adapter à d’autres artisans, comme les peintres. Ensuite, il y a le choix du motif unique qui est important, bien que maintenant je développe une collection murale qui est en cours de dessin. L’idée étant aussi de proposer une collection murale pour les gens qui veulent du motif, sans avoir forcément une signature absolue. Cependant, le dessin de motif sur mesure demande un vrai travail d’écoute afin de trouver l’équilibre entre les envies de mes clients et ce que je suis en mesure de leur suggérer. Je cherche un produit qui soit en résonance avec l’habitat et la philosophie des gens. Nous évoluons, je trouve, dans une société qui s’uniformise avec des centres-villes de plus en plus identiques. Nous avons pourtant un besoin de considération et d’avoir le sentiment qu’on a réalisé quelque chose pour nous qui ne sort pas d’une chaîne de fabrication.

On peut être amené à se dire que Carine de Marin signifie qu’on entre dans une gamme de prix élevés. Que dirais-tu à ce sujet ?

C’est certain, le produit et le résultat impliquent un prix et j’ai conscience que je ne peux pas travailler pour tout le monde, car on ne parle pas ici d’un papier peint de magasin de bricolage. Pour autant, je ne souhaite pas galvauder mon produit et je n’ai pas l’ambition de travailler de manière élitiste, mais force est de constater que lorsque je comprime tout, le budget est conséquent. Le résultat est splendide et qualitatif, donc ce prix est justifié. Malgré tout, je reste dans des prix cohérents par rapport aux revêtements muraux car il y a une durée dans le temps. Donc aujourd’hui, je m’adresse plutôt à une clientèle qui possède un bel habitat avec de grands volumes. Pour autant, je suis en mesure de trouver des solutions pour m’adapter à des plus petits budgets et permettre l’accès au produit, mais je ne descends pas en dessous d’un certain seuil, dès lors que la qualité est remise en question. C’est ça aussi la signature Carine de Marin.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui devrait lancer une marque forte ?

Souvent, les projets les plus fous sont les plus décriés dans notre entourage. Ils éveillent les doutes chez les gens et ces derniers peuvent être amenés à nous faire douter nous-mêmes. Il faut d’abord croire en soi et une fois que les bases sont solides, croire en son produit. Puis, il faut persévérer encore et toujours. Les rencontres ont pourtant une grande importance sur notre chemin et certaines personnes vous aideront dans votre réussite. C’est également le cas à l’inverse. Mais voilà, il faut garder à l’esprit que la réussite d’un grand projet passe par la persévérance et le travail. Mon entourage ne comprenait pas ce que je faisais, pourquoi je n’avais pas choisi une voie sécurisante comme prof d’Arts Plastiques. La recherche de sécurité est très présente dans les mentalités. Lancer un projet personnel n’est pas sécurisant, c’est une prise de risques et un challenge. Tout le monde ne comprend pas cela, mais il est important de ne pas se laisser influencer par les peurs des autres, elles leur appartiennent. La peur d’échouer ou le manque de sécurité peut nous faire prendre les plus mauvaises décisions, il faut vraiment se blinder sur ce sujet et trouver un moyen de préserver sa paix intérieure, avoir foi et vibrer haut. On incarne ce qu’on ressent et ça se ressent en face.

Carine de Marin
Ô Design Mural
Le Beau Détour
4 rue de la Somme
68100 Mulhouse
carine@odesignmural.fr
03 89 44 84 50
odesignmural.fr

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