Jérome & Déborah Martinez     T-Mécanique

De l’or dans les mains et de la passion dans le cœur

La première fois que je suis entré dans leurs locaux, j’ai été frappé par la propreté et le rangement impeccable. Il faut dire que chez T-Mécanique et Mermo Industrie, chaque chose et chacun trouve sa place. J’ai pu observer une équipe de moins de 10 personnes organisée comme une petite ville. Et c’est la deuxième chose qui m’a interpellé, l’énergie et le dynamisme de cette petite entreprise qui semble pouvoir soulever des montagnes. Jérome est ce qu’on peut appeler un virtuose de l’industrie, il fait corps avec le métier, l’incarne dans chaque geste et a le sens du détail d’un horloger. Et puisqu’on ne dérange pas Mozart lorsqu’il compose, c’est Déborah, véritable cheffe d’orchestre et cerveau des opérations qui a pris le temps de l’interview. Ne vous y trompez pas, derrière le mur de l’exigence et de la recherche de perfection, c’est dans une véritable ambiance de famille que nous avons eu cet échange.

Pouvez-vous présenter les entreprises T-Mécanique et Mermo Industrie?

Il s’agit de deux entreprises spacialisées dans l’usinage réunies sur le même site. Mermo Industrie est la première entreprise que nous avons créée avec mon mari en 2018. Elle est spécialisée dans le dépannage industriel. L’idée est de mettre l’usinage au service du dépannage. Ce concept tourne principalement autour des compétences de Jérome. Il est véritablement un expert dans son domaine et est capable de répondre à absolument toutes les demandes du client, et tout cela dans l’urgence. On parle là de demandes spécifiques liées à des pannes ou des pièces cassées, sur lesquelles le client n’a parfois pas de plans. Nous sommes alors en capacité de reproduire cette pièce en un temps record. De mon côté, je gère plus la société T-Mécanique qui propose des solutions d’usinage plus classiques ainsi que de petites et moyennes séries sur divers matériaux allant de l’acier, l’aluminium, l’inox, le plastique et bien d’autres encore. Nous travaillons alors sur cahiers des charges. Cette entreprise a fait l’objet d’une reprise car elle existait depuis environ 30 ans.

Et vous,  qui êtes vous ?

Je suis maman de 2 grandes filles de 16 et 14 ans. Mon parcours professionnel est un peu atypique parce que je ne suis pas issue du domaine de l’usinage ou du monde industriel. J’ai démarré mon parcours professionnel par un DUT gestion des entreprises et des administrations, option finance comptabilité et j’ai travaillé 18 ans dans une banque. Le dernier poste que j’occupais était responsable commercial. J’ai aussi eu la casquette de responsable assurance et la grande chance de travailler pendant presque 3 ans en tant que formatrice occasionnelle au sein du groupe pour lequel je travaillais. Cette expérience m’apporte beaucoup dans ma gestion actuelle de l’entreprise. La formation m’a apporté la notion de transmission. C’est un atout qui m’est très utile actuellement au niveau relationnel avec nos collaborateurs, mais également dans notre vision du développement de l’entreprise. C’est avec Jérome, et dans un consentement mutuel, que nous avons décidé de nous lancer dans cette folle aventure qu’est la reprise d’entreprise. Tout part d’un constat, celui que mon mari a de l’or dans les mains, et malgré tout l’amour que j’ai pour lui, c’est de manière tout à fait objective que je le dis. Nous sommes ensemble depuis 24 ans. Jérome était salarié pendant des années et je savais et lui répétais qu’il fallait qu’il exploite son potentiel fou dans un projet qui soit le sien. Alors quand il a fallu se lancer, je n’ai pas hésité à le suivre. Nous avons réalisé que les compétences que j’avais accumulées allaient nous être d’une grande utilité. Aujourd’hui, nos fonctions au sein des deux entreprises sont totalement complémentaires.

Quel est le parcours de Jérome ?

Il est usineur depuis plus de 25 ans avec un BAC PRO. Il est donc tourneur fraiseur de métier, mais on peut dire que ses connaissances techniques vont beaucoup plus loin. Jérome a le sens de la solution, il n’acceptera pas de ne pas solutionner un problème. Il analyse finement chaque détail, prend le temps nécessaire et a l’amour du travail bien fait. Plus que ça encore, c’est une obsession de l’excellence. Son parcours professionnel s’est fait dans la persévérance et il est connu et reconnu pour cela. C’est à la fois un homme à tout faire et un spécialiste hors pair. Et puis, il faut le dire, Jérome est quelqu’un de profondément gentil. Pourquoi je dis cela ? Simplement parce qu’aider est dans sa nature et ça se ressent dans son travail. La satisfaction qu’il ressent lorsqu’il a solutionné un problème se lit sur son visage.

Comment gère-t-on une entreprise dans laquelle tant de choses reposent sur un seul homme ?

Justement, on gère une entreprise. Lorsqu’on a un homme qui occupe un tel rôle clé, qui a cet or dans les mains, le danger serait que tout repose sur lui. C’est une problématique à laquelle j’ai beaucoup réfléchi. C’est là que mon expérience dans la formation m’a apporté les réponses nécessaires. Dans mon ancien poste, j’ai beaucoup travaillé sur le sujet de la prévoyance. J’ai ce côté Madame prudente et, justement parce qu’on ne peut pas tout prévoir, il faut être prévoyant. Nous avons donc misé sur la formation. Lorsqu’on a une compétence forte dans l’entreprise, il est impératif de monter tout le monde en compétence. Nous avons également décidé de nous enrichir de nouvelles compétences humaines sur lesquelles nous appuyer. Cela nécessitait un atelier plus grand (à ce moment-là, nous développions uniquement Mermo Industrie). C’est en cherchant plus d’espace que l’opportunité de reprise de T-Mécanique s’est présentée à nous. Une petite entreprise avec 4 salariés et un savoir-faire. Nous avons donc solutionné la problématique du bâtiment ainsi que celle des compétences internes. La première personne qu’on a formé intégralement, c’est notre collaborateur Jérémy qui nous accompagne depuis le début de l’aventure Mermo. Il n’était pas du métier de l’usinage. Heureusement, Jérome est très pédagogue et performant dans la transmission de savoir. Il a pris le temps de lui apprendre et maintenant Jérémy tourne et fraise en traditionnel ou sur du numérique et son expérience accroît jour après jour. En résumé, pour que tout ne repose pas sur un seul homme, il faut accepter de partager ses compétences et pas de faire de la rétention de savoir.

Jérome est pédagogue, ce qui est une excellente chose. Mais selon vous, comment transmettre du savoir lorsqu’on ne l’est pas ?

Tout ne réside pas forcément dans la pédagogie, je pense qu’il faut accepter qu’on puisse être défaillant ou ne pas être à l’aise sur un sujet et le dire. À partir de ce moment, la personne d’en face en est informée et peut réagir en fonction, ne pas avoir l’impression que c’est elle qui comprend mal. Cela permet également d’exprimer le besoin qu’on explique les choses autrement. La base de la transmission, c’est avant tout la communication. Comment fonctionne la hiérarchie lorsqu’on a un couple dirigeant ? Bien évidemment, mon mari et moi sommes les dirigeants de cette société. Nous n’avons pour autant pas besoin de l’écrire sur une pancarte. L’autorité par la compétence est la meilleure des autorités. Un jour, on m’a demandé qui était le plus craint des deux. Aucun des deux j’espère. Je pense qu’une de nos forces est de savoir s’entourer de gens qui nous ressemblent. Je parle là en terme de valeur de travail et de philosophie d’entreprise.

Comment conjugue-t-on vie de couple et vie d’associés ?

Nous ne concevons, par exemple, pas l’épanouissement professionnel sans l’épanouissement personnel. J’estime qu’ils vont de paire. Ma vie professionnelle compte énormément mais ma vie personnelle également. Nous aimons travailler tous les deux et travailler beaucoup même. Pour ce qui est d’associer vie de couple et d’associés, c’est à la fois simple et compliqué. Notre équilibre repose sur le fait que chacun a ses missions, ses compétences et ses tâches. Nous avons une confiance aveugle l’un envers l’autre. Finalement, nous nous épanouissons chacun dans des domaines différents et aucun de nous n’ira empiéter sur l’espace de l’autre. Cela nous permet de développer un épanouissement personnel et la réussite de l’entreprise est un succès que nous partageons ensemble. Nous nous sentons également valorisés dans nos missions.

Et comment fait-on pour que l’entreprise n’entre pas trop dans la maison familiale ?

Ça, c’est une autre histoire. On aime notre travail, donc forcément les sujets de conversation tournent beaucoup autour de l’entreprise. Je dirai que nos filles sont les plus impactées. Autant elles nous permettent de faire la coupure, autant elles doivent parfois nous rappeler à l’ordre. Elles jouent ce rôle de garde-fou. C’est un exercice parfois compliqué parce que nous sommes des passionnés 20h sur 24. Heureusement, nous avons d’autres passions plus personnelles qui nous permettent également de nous évader. Mais l’entreprise tient une part très importante dans notre couple, un peu comme un second mariage.

Quels conseils donneriez-vous à un repreneur d’entreprise ? Quels sont les points de vigilance ?

Qu’est-ce qui a fonctionné pour vous et que feriez-vous différemment ? Je manque aujourd’hui de recul pour dire ce qu’on ferait différemment ou ce qu’on a particulièrement réussi, mais le conseil que je pourrais donner à un repreneur d’entreprise, c’est de s’appuyer sur ses forces vives, sur les gens qui sont déjà là et qui connaissent l’entreprise. Il est impératif de parler et d’écouter. Imaginer qu’on arrive dans une entreprise qui a une certaine histoire et qu’on va tout révolutionner risque de vous amener dans le mur. Il est tout d’abord primordial de donner ou redonner à chacun sa place légitime. Le rôle d’un dirigeant est de mettre chacun à la bonne place. Et en fait, de quoi il a besoin, mon collègue ? Il faut également savoir identifier les besoins de ses collaborateurs. Cela passe forcément d’abord par un travail d’écoute. Dans notre cas, c’était un peu particulier puisque les 4 salariés de T-Mécanique ont dû fonctionner un certain temps livrés à eux-mêmes après le décès de l’ancien dirigeant. Dans ce genre de cas, les changements sont à amener avec d’autant plus de douceur et de dialogue. Par chance, nous avons hérité d’une équipe formidable qui nous a vraiment suivi dans nos objectifs.

En résumé, on peut se féliciter d’avoir réussi à emmener tout le monde avec nous et d’avoir aujourd’hui une équipe formidable qui donne du sens à toute cette aventure.

Déborah & Jérome Martinez
T-Mécanique
Mermo Industrie
15 Rue de l’Écluse
68120 Pfastatt
contact@tmeca.fr
+33 3 89 51 19 76
tmeca.fr

Une réponse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *