Paul Adam / Adam-Boissons
Paul Adam / Adam-Boissons : Entre tradition et modernité en Alsace
Vous l’ignorez peut-être, mais il est fort probable que vous ayez déjà goûté une boisson livrée par Adam-Boissons. Cette entreprise alsacienne, riche d’une histoire centenaire et de nombreuses anecdotes, nous a ouvert ses portes. Nous y avons rencontré Paul Adam, dirigeant passionné et engagé, dont le sourire fédérateur incarne les valeurs fortes qui animent cette aventure familiale depuis plusieurs générations.
Bonjour Paul Adam, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour. Je suis Paul ADAM, je suis né en 1962. J’ai le plaisir de diriger l’entreprise familiale ADAM BOISSONS depuis 35 ans. Depuis plusieurs générations, il est de tradition que l’aîné de la famille reprenne l’affaire. En tant qu’aîné de deux garçons, j’ai donc naturellement pris cette responsabilité. Mon frère, pour sa part, n’a pas exprimé le désir de rejoindre l’entreprise familiale et s’est orienté vers d’autres secteurs d’activité.
Dès notre plus jeune âge, mon frère et moi avons été impliqués dans l’entreprise. Tandis que nos copains jouaient à l’extérieur, nous allions travailler. Même si cela pouvait parfois nous agacer, je réalise aujourd’hui que c’était bénéfique. Très tôt, nous avons appris le sens et les valeurs du travail mais également l’implication que demande une entreprise familiale. Cette éducation nous a accompagnée tout au long de notre vie et nous a permis d’éviter de prendre l’habitude de ne rien faire. Travailler jeune dans l’entreprise nous a aussi permis de connaître l’organisation et les gens qui y travaillaient, un avantage précieux lorsque j’ai repris la direction.
En ce qui concerne mes études, après l’obtention du baccalauréat, j’ai poursuivi des études supérieures à Strasbourg. D’abord à la faculté de droit puis dans une école de commerce où j’ai suivi un cursus intitulé DISTECH (Techniques de Distribution), équivalent à un bac+3.
Dans le cadre de mes études, j’ai acquis plusieurs expériences professionnelles intéressantes et formatrices compte tenu du secteur d’activité. D’abords un stage approfondi dans la grande distribution, pour découvrir les systèmes d’organisation et la logistique. Puis j’ai travaillé dans la production chez Moët & Chandon à Reims ainsi que dans l’entreprise familiale d’origine à Ammerschwihr, ou j’ai eu l’occasion de réaliser des travaux de vinification en cave, en passant évidemment par la case vendanges !
Ces expériences variées m’ont permis d’acquérir des compétences pratiques dans différents domaines ains que des formations précieuses pour la gestion d’Adam-Boissons.
Adam-Boissons est une entreprise centenaire. Pouvez-vous nous raconter son histoire ?
Après recherches, seules 1 400 entreprises familiales sont centenaires en France. Dont une part importante dans les secteurs du vin et des spiritueux. Héritage d’activités ancestrales, nous avons la chance de compter parmi ce patrimoine unique.
La famille Adam est établie en Alsace depuis plus de 400 ans, remontant à 1604. Du côté de mon père, nous sommes vignerons de père en fils à Ammerschwihr [RH1] depuis 16 générations. Du côté de ma mère, la tradition familiale est ancrée dans la restauration : mon grand-père possédait un restaurant à Masevaux, et mon oncle, Émile Jung, était le célèbre chef du restaurant « Au Crocodile » à Strasbourg, qu’il a conduit aux prestigieuses 3 étoiles du Guide Michelin.
L’histoire de notre entreprise commence précisément avec mon grand-père. Issu de la famille de vignerons à Ammerschwihr mais n’étant pas l’aîné de sa fratrie, sa mère lui a trouvé une petite entreprise à reprendre, un négoce de vin à Lauw, dont les seuls moyens étaient composés de deux salariés, quelques chevaux et tonneaux en bois, avec lesquels il a commencé à distribuer du vin. D’abords en forte croissance durant la Première Guerre mondiale, où Masevaux était temporairement la « capitale » de l’Alsace et où le vin rouge était utilisé pour « stimuler » les troupes, l’activité s’est trouvée en plein déclin en 1923, lorsque mon grand-père a repris l’entreprise. Il fut contraint d’importer du vin du sud de la France et d’Algérie pour le mettre en fûts et le distribuer dans les cafés et restaurants qui faisaient également office d’épiceries. Mon grand-père livrait également les particuliers à domicile, une pratique déjà appréciée à l’époque.
En France, le vin dominait les boissons avec une moyenne de 140 litres par personne et par an contre environ 35 litres aujourd’hui. Néanmoins dès les années 30, des liens amicaux et une collaboration active avec une brasserie basée à Lachapelle-Sous-Rougemont, alors en Alsace, ont permis à mon grand-père de distribuer de la bière en plus du vin.
Puis la seconde guerre mondiale a éclaté, avec la réquisition des camions par les Allemands et un nouveau déclin d’activité. Mon père, fils unique né en 1929, avait déjà une dizaine d’années lors de la seconde guerre…C’est en 1950 qu’il reprendra l’entreprise en modernisant ses activités en abandonnant la distribution en tonneaux. L’investissement dans un centre d’embouteillage, avec un potentiel annuel de 30 000 hectolitres de vin lui a permis d’alimenter toute la région sud de l’Alsace tant auprès des particuliers que des cafés, hôtels et restaurants.
Son esprit d’innovation lui a rapidement permis d’étendre la gamme des produits à l’eau, les jus de fruits et sodas. Lui permettant au passage de consolider sa position dans le secteur.
Au niveau des locaux, la modeste grange d’origine avec ses 2 annexes et sa cave du temps de mon grand-père ont progressivement été remplacées par deux grands bâtiments dont l’un abritait le centre d’embouteillage, construits sous l’ère de mon père.
À mon tour, j’ai agrandi le site pour répondre au développement de l’activité. Et, en 2014, il est devenu indispensable de déménager dans des locaux neufs et adaptés, ceux de notre site principal actuel de Guewenheim. Les agrandissements successifs avaient rendu l’ancien site de Lauw peu cohérent, et dans une perspective de développement, nous souhaitions nous rapprocher des principaux axes routiers, en particulier de l’A35. [RH2] Aujourd’hui, notre emplacement stratégique nous permet de desservir efficacement Mulhouse, Belfort, Colmar ainsi que les 3 vallées : Masevaux, Thann et Guebwiller.
Notre croissance nous a également conduit à intégrer un confrère, l’entreprise Hermann située à Ribeauvillé. Grâce à cette acquisition, nous avons pu étendre notre présence dans le Bas-Rhin que nous avons par la suite renforcée en investissant dans un second bâtiment neuf à Valff en 2019. Cette implantation nous a permis de couvrir le nord de l’Alsace.
En 2020, la crise du Covid avec la fermeture de nos principaux clients a touché de plein fouet notre entreprise et tout notre secteur. Nous avons subi une perte immédiate de 80 % de notre chiffre d’affaires. Heureusement, les soutiens nous ont permis de surmonter cette période tendue en conservant nos effectifs. Tous nos collaborateurs sont toujours présents et prêts à continuer de servir notre clientèle.
Qui sont vos clients ?
Chez Adam-Boissons, notre activité principale repose sur la fourniture de boissons pour les cafés, hôtels et restaurants. Près de 2 000 clients qui représentent 75 % de notre chiffre d’affaires. Les 25 % sont composés de notre collaboration avec 750 associations, telles que des clubs sportifs et autres groupes, et les quelque 3 500 particuliers que nous desservons directement à leur domicile tout au long de l’année !
Aujourd’hui, nous proposons plus de 3 000 références de boissons, comprenant vins, bières, spiritueux, eaux, sodas, jus de fruits, cafés, sirops et bien d’autres produits. En résumé, tout ce qui se boit se trouve chez Adam-Boissons. Nous sommes le premier distributeur indépendant et familial en Alsace, avec une part de marché de 35 %.
Nous privilégions les produits locaux « made in Alsace » qui représentent plus de 50 % de nos volumes, un engagement qui nous tient particulière ment à cœur. Plus de la moitié des boissons que nous distribuons sont donc produites en Alsace, une région riche en traditions viticoles et brassicoles. Cet ancrage local est essentiel pour nous, car nous sommes profondément attachés à notre région et à sa richesse culturelle et gastronomique.
Comment a évolué le métier de la distribution en 100 ans et quels sont vos enjeux actuels ?
Nous nous considérons avant tout comme des experts de la logistique. Nous stockons dans nos entrepôts les boissons que nos clients, notamment les établissements de restauration, ne peuvent pas conserver sur place et les approvisionnons chaque semaine. En un siècle, notre logistique a connu une transformation impressionnante. En 1923, comme les livraisons se faisaient à cheval, notre rayon d’action était limité à 15 km. Avec la motorisation et les camions, notre portée s’est élargie à 80 km, ouvrant de nouvelles perspectives.
La digitalisation est une étape décisive dans notre évolution. Elle nous a permis de simplifier la gestion de nos stocks, d’augmenter le nombre de nos références, d’optimiser nos approvisionnements en temps réel, et de mieux organiser nos tournées de livraison. Depuis 4 ans, nos clients peuvent passer commande depuis leur smartphone à partir de notre application mobile, spécialement développée pour eux. Dans les prochaines semaines, c’est un nouvel ERP qui sera installé avec une migration informatique générale, une avancée majeure qui impactera positivement l’ensemble de nos services.
Depuis toujours, nous sommes sensibles à nos impacts environnementaux, notamment notre emprunte carbone. Nous souhaitons limiter au maximum les déplacements de nos véhicules. Afin de réduire le nombre de trajets, toutes nos livraisons sont regroupées en fonction de zones géographiques. De plus, nous avons opté pour le biocarburant Oléo 100 (B100), un carburant produit en France à partir de ressources agricoles, réduisant ainsi de 80 % les microparticules et de 60 % les émissions de gaz à effet de serre.
Nous avons également des projets pour accroître notre autonomie énergétique. Nous prévoyons d’équiper notre toiture de panneaux solaires afin d’assurer notre consommation énergétique, avec l’objectif de tendre vers l’autoconsommation. Par ailleurs, pour optimiser l’usage de l’électricité dans nos entrepôts, nous avons installé des minuteries et des détecteurs de mouvement.
L’acquisition de camions électriques est aussi un projet à l’étude afin d’aller encore plus loin dans notre démarche écoresponsable.
Au cours des trois dernières années, notre développement nous a conduit à l’intégration de deux entreprises familiales historiques : Feuvrier Boissons, située à Besançon, et la société Litzler à Carspach. Aujourd’hui, Adam-Boissons compte 120 collaborateurs répartis sur différents sites, unis par une vision commune de la logistique, de la durabilité et de l’excellence au service de nos clients.
Vous avez récemment été labellisés RSE, pouvez-vous m’en parler ?
Nous sommes fiers d’avoir reçu le label RSE attribué par l’Afnor, devenant ainsi le premier distributeur d’Alsace engagé avec cette distinction. Nous avions déjà obtenu la certification Ecocert de la Fédération Nationale des Boissons (FNB), renforçant notre démarche environnementale et sociétale. Nos équipes s’efforcent chaque jour de respecter l’environnement et de garantir la qualité de nos produits.
Le bien-être des salariés est au cœur de notre culture d’entreprise, une valeur transmise par mon père et mon grand-père avant moi. Beaucoup de nos collaborateurs ont rejoint Adam-Boissons jeunes et y ont fait toute leur carrière. L’écoute des besoins et la considération mutuelle sont les fondements de notre direction, assurant une relation durable et respectueuse avec nos employés.
Afin de limiter notre impact environnemental, nous avons privilégié les emballages réutilisables, notamment pour les bouteilles en verre d’eau minérale. Nous travaillons avec trois sources locales, Lisbeth, Carola et Celtic, pour lesquelles nous distribuons environ 3 millions de bouteilles par an. Ces bouteilles en verre sont collectées, reremplies, puis redistribuées, créant ainsi un cycle respectueux de l’environnement. Nous appliquons la même démarche pour la bière en fût, permettant de remettre des produits sur le marché avec un impact minimal.
Ces choix de fournisseurs locaux favorisent les circuits courts et réduisent notre empreinte carbone. Le verre, matériau inerte, préserve la qualité des produits et évite la migration des microplastiques dans les boissons, contrairement aux bouteilles en plastique. En outre, les emballages en verre ne nécessitent pas une fabrication répétée, ce qui réduit encore notre impact écologique.
En parcourant l’histoire et l’évolution d’Adam-Boissons, il est clair que l’entreprise est bien plus qu’un simple distributeur. Elle incarne un héritage familial basé sur des valeurs, des innovations permanentes, et un engagement pour la qualité et la durabilité. Depuis ses débuts modestes avec mon grand-père et jusqu’à aujourd’hui, nous avons su nous adapter aux changements, moderniser nos pratiques et élargir nos horizons tout en restant fidèle à nos racines alsaciennes.
Nous avons constamment diversifié notre offre, en intégrant des initiatives écologiques et responsables qui font écho à nos valeurs et à notre vision d’un avenir plus durable. À travers nos efforts pour privilégier les circuits courts, réduire notre empreinte carbone, et garantir le bien-être de nos collaborateurs, chacune de nos décisions vise à renforcer notre engagement envers l’environnement, notre région et nos clients.
Nous sommes fiers d’être le premier distributeur indépendant et familial en Alsace, cette position nous motive à poursuivre cette aventure pertinente, à relever les nouveaux défis, animés par la passion pour notre métier et le respect de notre patrimoine familial.
Merci Monsieur Adam !
Paul Adam
Adam-Boissons
ZI de la Doller
7 rue de la Grosse Pierre
68116 Guewenheim
+ 33 3 89 82 40 37
Parc d’Activités du Piémont
2 rue de Bruch
67210 Valff
+ 33 3 88 58 59 70