Michaël Bennatan / Batige

La maison de demain se pense aujourd’hui

Rencontre avec Michaël Bennatan, dirigeant de Batige, le plus ancien constructeur de maisons individuelles en Alsace. À la tête de l’entreprise depuis 2011 avec son associé Oguz Karadag, il allie tradition et innovation pour répondre aux défis d’un secteur en pleine mutation.

Dans cet entretien, il revient sur son parcours, les valeurs de transparence et de durabilité portées par Batige, et sa vision de la maison de demain. Une réflexion passionnante sur l’avenir de la construction, entre nouveaux besoins, contraintes environnementales et avancées technologiques.

 

Bonjour Monsieur Bennatan, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Michaël Bennatan et je suis le dirigeant de l’entreprise Batige, aux côtés de mon associé Oguz Karadag. J’ai suivi des études en commerce, avec une maîtrise, complétées par un programme Erasmus en Angleterre. En 2000, j’ai rejoint Batige en tant que commercial et suis rapidement devenu le bras droit du fondateur. En 2011, lors de son départ à la retraite, nous avons repris la direction de la société.

C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé dans le secteur de la construction. À l’époque, je jouais au basket et le président de mon club n’était autre que le fondateur des Maisons Stylgit. Il m’a organisé plusieurs entretiens, ce qui a abouti à mon embauche chez Batige.

 

Pouvez-vous nous présenter la société Batige ?

Nous sommes le plus ancien constructeur de maisons individuelles en Alsace puisque l’entreprise a été fondée en 1975. Nous bénéficions donc d’une expertise de presque 50 ans. La société a été créee par un architecte qui possédait un bureau d’études. Nous avons toujours conservé un bureau d’études en interne, avec une architecte salariée, un ingénieur structure et un dessinateur. C’est le cœur de notre activité, nous construisons des maisons sur mesure.

Nous avons traversé plusieurs cycles. Dans les années 90, l’entreprise comptait une trentaine d’employés, puis il y a eu une crise et une revente en 2008. Lorsque nous avons repris en 2011, il restait neuf personnes. Nous avons redéveloppé la société, atteignant 30 employés après la pandémie, pour revenir à 20 aujourd’hui.

Actuellement, nous sommes déployés sur deux sites : les bureaux de notre structure foncière et notre filiale dédiée aux pôles de santé se situent à Rixheim, tandis que notre maison mère est à Bartenheim. Nous intervenons dans tout le Haut-Rhin.

Notre gamme de maisons est variée. Nous répondons à des demandes de clients qui recherchent des maisons souvent autour de 130-140 m², mais nous sommes également parfaitement en mesure de construire des maisons très haut de gamme sur des surfaces beaucoup plus grandes. De plus, en réponse aux évolutions du marché, nous proposons aussi des maisons pour primo-accédants, plus petites et adaptées à des budgets plus serrés. L’évolution du marché nous a récemment amené à créé un catalogue de modèles référencés avec des tarifs actualisés. Nos anciens plans sont classés dans notre base de données et nous pouvons les personnaliser à partir de modèles existants tout en respectant les normes actuelles.

Quelles sont les valeurs de l’entreprise ?

Nous plaçons le client au cœur de notre démarche, car il s’agit souvent du projet d’une vie. Notre valeur principale est de les accompagner en toute transparence. Nous nous considérons comme un constructeur responsable, aussi bien pour l’acheteur que pour l’environnement. Nous privilégions, par exemple, la réhabilitation de maisons dans les « dents creuses » des communes pour limiter l’étalement urbain et maximiser l’utilisation des terrains existants.

 

Comment voyez-vous l’évolution du marché de la maison individuelle ? Pensez-vous que la propriété privée est en danger en France ?

C’est une excellente question. En effet, la maison individuelle telle que nous la conservons, héritée des années 60-70 avec l’accès à la propriété pour tous, est en train de disparaître. L’idée d’un jardin avec piscine et plusieurs ares de terrain va évoluer en raison de volontés politiques et écologiques. Certains qualifient d’ailleurs ce type d’habitat de « maison pour égoïstes ». On tend aujourd’hui vers des constructions de maisons en bande, des espaces et des stationnements communs ou encore des jardins partagés. C’est une tendance inévitable.

Nous avons déjà lancé des projets en ce sens, qui rencontrent un certain succès : des petites copropriétés avec des espaces communs, où chaque maison garde son accès et son intimité. L’habitat partagé est une piste d’avenir pour nous. Nous avons ainsi deux projets en planification, dont un à Mulhouse, avec un modèle mixte intégrant des logements pour étudiants et des espaces pour les séniors. Cette idée de « pôle de santé » élargi répond à une demande croissante, même si elle est complexe à financer et à gérer.

Dans quelques décennies, on ne parlera plus de « constructeur de maisons individuelles ». Nous assistons également à une concentration des acteurs : les petits constructeurs et promoteurs indépendants, comme nous, sont voués à disparaître au profit de grands groupes. Dans des pays comme l’Angleterre, l’Allemagne ou la Suisse, il reste très peu de constructeurs indépendants ; ce sont de grands promoteurs ou des entreprises de grande envergure qui dominent le marché. La standardisation des constructions devient une évidence pour répondre aux exigences normatives et économiques.

Quels seraient les moyens pour vous, constructeurs indépendants, de continuer à exister dans ce contexte ?

Nous devons nous adapter et innover, notamment par la rénovation, par exemple, de petites propriétés ou de friches dans des centres-villes. Cela constitue une réponse viable, surtout face aux grands groupes qui, eux, vont se concentrer sur des projets de grande ampleur. La rénovation est un métier spécifique, et chaque projet est unique, ce qui limite la possibilité de standardisation. C’est donc une opportunité pour les entreprises comme la nôtre.

La rénovation répond aussi à un réel besoin environnemental et énergétique. Transformer des bâtiments existants au lieu de les démolir est une approche durable et plus économique à long terme, car les coûts de démolition et de tri des matériaux sont de plus en plus élevés. Mais la rénovation est un métier exigeant, où chaque chantier a ses propres défis ; il faut donc des équipes dédiées et formées pour cela.

 

Voyez-vous des évolutions technologiques impacter ce secteur dans un avenir proche ?

Absolument. Les nouvelles technologies transforment déjà notre métier, notamment avec l’intelligence artificielle qui évolue rapidement dans les phases de conception et de dessin. Par exemple, il existe désormais des logiciels capables de générer des plans à partir de simples indications. Bien que ces outils ne soient pas encore pleinement fiables, leur évolution est fulgurante. Il est clair que ceux qui ne s’adaptent pas à ces changements risquent de disparaître.

Par ailleurs, nous voyons déjà des exemples en Chine de maisons imprimées en 3D, à grande échelle, et dans des délais extrêmement courts. Ces méthodes améliorent la main-d’œuvre tout en optimisant le processus de construction. Je pense que ces techniques arriveront aussi en Europe dans les années à venir et que le modèle traditionnel du constructeur de maisons individuelles tel que nous l’avons connu changera profondément.

La maison de demain sera sans doute bien différente de ce que nous connaissons aujourd’hui. L’individualisation des projets va céder la place à des solutions plus standardisées et économiques. Pour les entreprises comme la nôtre, la clé sera d’innover, de se diversifier dans des domaines comme la rénovation, et de proposer des alternatives durables et adaptées aux nouvelles attentes du marché.

 

Article : Gilles Brauneisen

 

Michaël Bennatan
Batige
80 Rue de la Gare
68870 Bartenheim
contact@batige.com
+33 3 89 69 79 24
batige.fr

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