Nathalie Beacco : Bras Droit Du Dirigeant

Le temps partagé, vers une révolution du travail ?

Nathalie porte un sourire contagieux qui ne laisse pas transparaître qu’elle exerce un métier très sérieux. Car c’est une financière chevronnée. Pourtant, elle apporte son incroyable expérience à des TPE-PME qui n’ont pas les moyens d’employer un Directeur Financier à temps plein. Qu’à cela ne tienne, chez Bras Droit du Dirigeant, le temps se découpe et se partage à votre guise et à votre convenance. Vous avez demandé un cadre pour une demi-journée, la voici !

Bonjour Nathalie, qui es-tu ?

Je m’appelle Nathalie Beacco, je suis dans la finance depuis plusieurs années avec un parcours atypique. Ayant perdu mon père très jeune, alors que je me destinais à des études d’expertise comptable,  j’ai dû interrompre prématurément mes études en  bac+ 3. Je suis donc entrée dans la finance par la «petite porte» en tant que comptable unique.Mais dès cet instant, je n’ai cessé d’apprendre afin d’atteindre un nouvel objectif : devenir directeur financier, ce que je suis actuellement. Parcours atypique, car j’ai également vécu une vie d’expatriée durant laquelle j’ai tenté le télétravail, toujours dans la comptabilité et la finance, mais il y a 20 ans, ce n’était pas aussi développé que maintenant (je n’ai eu qu’un seul client parisien). Étant donné que je déménageais deux à trois fois par an dans de nombreux pays, il était  compliqué d’intégrer une entreprise. J’ai donc développé une activité de formatrice via une plateforme de e-learning et également en présentiel auprès de revendeurs dans un tout autre domaine, la broderie assistée par informatique. De retour en France, j’ai choisi de retourner à mon métier de cœur : la finance. Grâce à un coup de pouce du destin,  j’ai bénéficié d’une belle opportunité auprès du Groupe  Rapp qui cherchait un financier bilingue français/espagnol maîtrisant la fiscalité espagnole. Mes voyages m’avaient apporté ce bagage supplémentaire. J’avais résidé en Espagne et en Amérique du Sud. J’ai donc pu retrouver une activité en tant que salariée dans la finance et reprendre ma carrière là où je l’avais laissée. Ce poste m’a permis de me réapproprier mes connaissances et m’a ouvert à la gestion comptable multi-entités juridiques et multi-sites.  Je gérais les filiales des magasins espagnols, j’avais en charge la comptabilité fournisseurs des magasins des franchisés et la responsabilité de la centrale d’achats. Mais je voulais aller plus loin. C’est alors qu’une nouvelle opportunité s’est ouverte à moi chez Can Packaging, une belle entreprise familiale alsacienne. Il s’agissait du fabricant de toutes les boîtes marque-distributeur de chips apéritives. Je suis arrivée en tant que responsable comptable, mais il y avait également toute la partie analytique et contrôle de gestion à développer et également la nécessité de mettre en place un ERP, un vrai travail transversal impliquant tous les services. De plus, l’entreprise était multi-entités, multi-activités et multi-sites, cela m’a permis d’acquérir toute l’expérience nécessaire pour aller plus loin… Après quoi, Can Packaging a été rachetée du jour au lendemain par un groupe américain du CAC 40. Ce fut un nouveau challenge pour moi puisque je ne parlais pas anglais et qu’il a fallu que je m’adapte rapidement aux exigences d’un grand groupe côté en bourse et d’une autre réglementation aux normes US. Cette période a été la plus difficile mais aussi la plus formatrice et je n’ai rien lâché. Je suis restée quelques années  avec eux, mais à un moment,  je faisais beaucoup de reporting, ce qui a amené une forme de routine et une perte de motivation de ma part. D’autant plus que nous n’avions plus de marges de décisions, les Américains imposant leurs directives. C’était problématique pour moi qui avait besoin d’être force de proposition. Subir n’a jamais été une option pour moi.

À ce moment, j’avais atteint le niveau que je désirais et auquel j’aspirais pour me mettre à mon compte. C’est alors que j’ai commencé à m’intéresser au concept de temps partagé et que j’ai découvert Bras Droit Des Dirigeants.

Bras Droit Des Dirigeants, c’est quoi ? C’est une franchise composée de cadres externalisés à temps partagé et qui a été créée par Bruno Doron. Le réseau regroupe aujourd’hui plus de 200 franchisés, dans des secteurs très variés, tels que la finance, mais également le commercial, les ressources humaines, le marketing digital, la stratégie de développement, le RGPD, et même, la Direction Générale. La franchise existe depuis 2008 et bénéficie d’une expérience dans tous ces domaines.

Pourquoi BDDD ?

Car je devenais entrepreneur, ce qui sous-entend qu’il fallait prospecter, régler le cadre juridique de ma société, réfléchir à un CRM, rechercher un logo, des cartes de visite, bref, toutes ces choses qu’une franchise me sert sur un plateau. En fait, l’idée était surtout de démarrer très vite. Je suis financière, j’ai déjà créé des entreprises par le passé en tant qu’expatriée, j’ai déjà fait de la prospection commerciale, mais cet aspect me faisait un peu peur. J’ai donc pu bénéficier d’un package formation pour me lancer. Je connaissais mon métier de DAF (Directeur Administratif et Financier), mais comment la vendre à une entreprise, je ne le savais pas.

Le fait de ne pas être seule venait pallier ce sentiment de solitude que j’ai pu ressentir en tant qu’expatriée. Nous bénéficions d’outils, mais également d’une méthode, ainsi que la possibilité d’échanger sur les différents secteurs d’activité qu’on peut rencontrer dans nos missions. Je maîtrise certains pôles de mon métier, mais pas tout, donc le fait de pouvoir échanger avec des «collègues» nous permet d’être complémentaires. Nous sommes 32 Directeurs Financiers au sein de la franchise et nous avons tous des profils différents, ce qui amène une grande richesse dans notre offre.

Le temps partagé, ça marche comment ?

L’idée, c’est de partager notre temps de semaine auprès de nos clients. Nous proposons à moindre coût des prestations de cadres à des entreprises qui n’ont pas les moyens ou la nécessité d’en embaucher à temps plein. Je me déplace chez eux, cela peut être quelques jours par mois, en fonction de leurs besoins et des missions qui me sont confiées. Il s’agit d’un contrat de prestataire de service flexible, puisqu’on s’adapte réellement aux besoins de l’entreprise. Le contrat peut s’arrêter du jour au lendemain, nous ne sommes pas liés comme pour un contrat d’embauche. Nous apportons également un regard neuf et une expertise.

Le temps partagé concerne les TPE-PME ou uniquement les grandes entreprises ?

Cela concerne vraiment les TPE-PME, pour des besoins de pilotage financier reportings mensuels par exemple. Ma mission n’est pas de remplacer l’expert-comptable, je me considère comme complémentaire. Je viens vraiment en interne pour un accompagnement et un suivi mensuel. Le terme Directeur Financier donne le sentiment que l’on s’adresse à de grosses entreprises, mais toute entreprise, quelle que soit sa taille, gagne à être accompagnée sur ce plan, même si les enjeux ne sont pas les mêmes. Notre force, c’est, justement, de pouvoir faire bénéficier aux PME-TPE de notre expertise, bâtie au sein de grands groupes. Récemment, nous avons également une forte demande des ETI.

Je peux vous citer le cas d’une société pour laquelle je suis intervenue dans le cadre d’une réorganisation de service. Cette entreprise avait un service administratif (aucune des collaboratrices ne maîtrisaient les règles comptables), il avait recours à un cabinet comptable. L’entreprise a connu une croissance importante et le dirigeant sentait qu’il devenait primordial  de réorganiser le service, mettre en place des procédures afin de ne pas perdre le contrôle et faire monter en compétences les assistantes. C’est l’un des vrais besoins exprimés d’avoir un responsable des finances. Pourtant, cette tâche ne nécessite pas une présence permanente de ma part. Le fait de vérifier ponctuellement que les choses se mettent en place suffit, et je ne suis rémunérée qu’au temps réel. C’est une sûreté pour le chef d’entreprise, ainsi que pour le cabinet d’expertise comptable avec qui je travaille en étroite collaboration.

Penses-tu que le temps partagé va révolutionner le monde de l’entreprise dans les années à venir ?

Révolutionner, je ne sais pas, mais c’est un nouveau mode de travail qui émerge. Il est encore peu connu des chefs d’entreprises. Pourtant, nous observons que de plus en plus de cadres se mettent à leur compte en temps partagé. Nous sommes, ici en France, encore dans la culture du CDI, CDD ou de l’intérim et on nous confond souvent avec des consultants. Ces derniers apportent souvent un diagnostic et s’en vont, «voilà le PowerPoint, vous devez faire ça». Nous proposons également un diagnostic au début de la mission, mais nous avons une vraie démarche opérationnelle qui fait la différence. Nous intégrons les équipes pour engager les actions et participons à la vie d’entreprise. Ils me considèrent comme un membre de l’équipe à part entière et je suis d’ailleurs régulièrement invitée aux fêtes de fin d’année.

Maintenant, il y a effectivement cet aspect, qui est que les cadres démissionnent de leurs fonctions pour adopter le temps partagé. Ce choix est souvent motivé par une liberté d’organiser leur vie personnelle et profes- sionnelle. Ils ont parfois l’impression de tra- vailler beaucoup trop. Certains ont fait ce choix pour travailler 3 jours par semaine, même s’il y a une réalité du marché qui fait que ce n’est pas toujours possible.

Est-ce qu’on ne voit pas émerger un danger pour le marché de l’emploi ?Est-ce que, si les entreprises qui ont déjà des problèmes d’emploi, n’arrivent plus à embaucher de cadres, n’allons-nous pas voir le prix des prestations augmenter ?

Je pense qu’une réflexion va s’imposer dans les entreprises. Le souci de l’emploi en CDI se fait déjà ressentir au niveau des jeunes générations qui arrivent sur le marché et qui fuient la durée indéterminée, alors que quelques années en arrière, c’était un but absolu. Nous voyons émerger une nouvelle culture du travail. On parle de freelance, d’équilibre vie privée/vie pro, de télétravail ou des avantages pour eux d’être dans une entreprise plutôt qu’une autre. À cela se rajoute des gens en fin de carrière qui veulent lever le pied. Donc oui, il se passe quelque chose sur le marché du travail. Aujourd’hui, ce sont les entreprises qui cherchent à séduire les employés.

Maintenant, il faut avoir conscience d’une réalité : le temps partagé n’est pas fait pour tout le monde. Nous sommes à notre compte, nous devons trouver nos clients et n’avons aucune garantie de salaire. Ce premier aspect dissuade déjà beaucoup de candidats. Ensuite, cela nécessite une capacité d’adaptation rapide. Lorsqu’on arrive dans une entreprise, il faut être en mesure de comprendre rapidement son fonctionnement, le secteur, les outils ou les logiciels. Cela demande une certaine expérience. Ma force réside d’ailleurs dans une grande maîtrise de l’informatique. Je travaille avec la business intelligence, Power BI principalement, et je connais le langage SQL, ainsi que de nombreux ERP. Je suis donc en mesure de m’adapter très vite.

En tout cas, et pour répondre à la question, on peut dire raisonnablement que le marché va s’équilibrer.

 

Nathalie Beacco
Bras Droit Des Dirigeants
nathalie.beacco@brasdroitdesdirigeants.com
+33 6 08 73 13 90
brasdroitdesdirigeants.com

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