Olivier Gary
Luthier à mulhouse
La passion qui vibre

Nous sommes des milliers à avoir entraperçu cette petite enseigne qui parle de luthier, à quelques portes du Gambrinus, sans n’avoir jamais mis les pieds à l’intérieur de ce trésor qu’est l’atelier d’Olivier Gary. Open a décidé de vous ouvrir les portes de cet endroit si unique et de vous présenter un métier aussi fascinant que complexe. Olivier vie et vibre aux sonorités de sa passion et nous éblouit de son savoir-faire.

Bonjour Olivier Gary, qui êtes-vous ?

Je suis installé à Mulhouse en tant que luthier d’art, c’est-à-dire que je suis spécialisé dans les instruments du quatuor à cordes (alto, violoncelle, contrebasse) et les archets qui s’y rapportent. Je fais de l’entretien, de la construction, de la réparation et de la location pour les étudiants et pour les adultes. Je travaille pour tous les pratiquants d’instrument de musique, professionnels, amateurs ou élèves. Notre région est très portée sur la musique classique. Je travaille également pour les conservatoires, les écoles de musique et tous les élèves qui sont affiliés à ces établissements.

Combien de luthiers y a-t-il en France aujourd’hui ?

Nous sommes assez nombreux. Nous venons de fêter les 50 ans de l’école de lutherie de Mirecourt. Cette école forme une dizaine d’élèves par an qui se sont installés. Donc on doit être autour de 300 ou 400 ateliers en France, répartis sur tout le territoire. Je dirai qu’il y a en moyenne une dizaine de luthiers par grosse agglomération. Moi j’ai la chance d’être seul à Mulhouse depuis 42 ans. Certains se sont installés, mais ne sont jamais restés longtemps.

Et comment devient-on luthier ?

J’ai commencé quand j’étais gamin, puisque mon père était musicien professionnel, il était altiste à l’orchestre de Strasbourg. Il a fait faire la musique à tous ses enfants. J’ai fait 15 ans de violoncelle et quand j’étais en classe de 3e, une de mes professeurs de musique avait organisé des ateliers de fabrication d’épinettes des Vosges, qui sont des instruments locaux qu’elle faisait en dehors de ses heures. Je me suis inscrit à ces ateliers et j’ai découvert le travail du bois lié à la musique. J’avais 16 ans et c’était la période pour rentrer à l’école de lutherie de Mirecourt puisqu’il fallait sortir de 3e. Aujourd’hui, il faut le bac. Le point de départ, c’est donc l’intervention de cette professeure de musique qui m’a initié. Je suis allé visiter l’école avec mon père et ça a été pour moi une révélation. J’ai très vite su que je voulais faire ça.

Qu’est-ce qui vous a plu ?

C’est le rapport à la musique, le fait de créer un instrument de musique. Le premier que j’ai intégralement fabriqué, c’était un alto que j’ai donné à mon père et avec lequel il a joué. Ce fut un moteur, je trouvais ça génial de pouvoir réaliser un instrument qui allait être joué par quelqu’un toute une vie et je revois certains instruments que j’ai faits à cette époque, qui sont toujours utilisés par les musiciens et qui fonctionnent très bien. C’est une grande satisfaction ! Plus on avance dans le métier, plus on découvre toutes les subtilités, la construction, les différentes qualités et sonorités, les différentes écoles. Ça devient très vite une passion.

Quelles sont les différentes écoles de lutherie ?

Alors il y a des traditions. La grande école de lutherie la plus connue est l’école italienne. Elle remonte à la fin du XVIIe. On a commencé à faire des instruments à crémone dans les grandes capitales italiennes : Venise, Naples. Il y a eu énormément de luthiers qui étaient très prolifiques à cette époque et ont fabriqué des violons, altos et violoncelles très recherchés. Ensuite, il y a l’école française qui a copié les Italiens, mais qui a aussi son style. C’est une lutherie beaucoup plus soignée au niveau du travail et les instruments français sont aussi très recherchés. Les luthiers modernes d’Europe font des instruments similaires parce qu’on a toujours tendance à copier les Italiens. Enfin, la 3e grande école, c’est l’école allemande qui a fait beaucoup d’instruments aussi aux XVIIe et XVIIIe, avec des voûtes plus fortes, plus hautes, un autre style de lutherie. Il y a l’école anglaise aussi, qui est un peu moins connue, mais qui a formé pas mal de gens, ainsi que tout ce qui vient de l’est de l’Europe. Ce sont, en général, des reproductions qui sont plus ordinaires, y n’a pas de vraie tradition de lutherie, ils sont plutôt assimilés à l’école allemande.

Qu’est-ce que ça représente comme travail de créer un instrument ?

C’est un travail très long parce que toutes les parties de l’instrument sont faites entièrement à la main. Il y a d’abord le choix du bois. Le luthier va créer son modèle, il va le dessiner. Ce dernier peut être personnel ou être la copie d’un instrument existant qui serait passé à l’atelier et qui sonnait particulièrement bien. Le luthier peut avoir envie de le reproduire. Il existe donc 2 courants dans le travail d’un luthier. Celui de la recherche personnelle sur les formes, sur un idéal sonore qu’on imagine à travers tous les petits détails que le musicien nous fait découvrir. Mais la plupart du temps, on essaie de reproduire des sonorités magnifiques qu’on a entendues sur des instruments. Il s’agit de fabriquer un instrument qui soit facile à jouer pour le musicien, donc pas trop grand. Il y a des tailles standards à respecter. On travaille aussi beaucoup sur les épaisseurs sur les tables d’harmonie. La partie supérieure du violon est en épicéa. On la travaille entièrement en partant sur une épaisseur de bois qui fait 3,5 millimètres au départ. On la creuse intérieur et extérieur pour la ramener à la bonne épaisseur. C’est elle qui va définir le son, car c’est un ressort. La table fonctionne comme un sommier, elle est très souple, environ 2,5 millimètres sur les bords et 3 millimètres au milieu, c’est très fin. La voûte vient alors soutenir la table et l’empêche de s’affaisser, tout en lui donnant cette souplesse. Le mot-clé en lutherie, pour moi, c’est la souplesse. Plus un instrument est souple, plus ses qualités sonores se décuplent. C’est ce travail que nous exerçons sur le bois. Puis, il y a le recouvrement, le vernissage qui a un rôle très important sur la qualité du son. C’est souvent ignoré par les musiciens, mais si on utilise, par exemple, un vernis gomme laque ou un vernis à l’alcool qui a tendance à durcir, il va devenir dur comme une vitre. Cela rigidifie alors la table et le fond, les vibrations ne sont plus les mêmes. Les vernis les plus intéressants sont les vernis à l’huile de lin. Ils restent très souples et vont vibrer avec le bois, permettant ainsi à l’instrument de se bonifier à l’infini. Les Italiens ont compris ça, sauf les Napolitains. Une partie de mon travail que j’aime beaucoup, c’est le réglage. Lorsqu’un musicien vient chez moi avec son violon, je l’étudie, je le laisse jouer, le regardant faire.

Est-ce qu’il y a des jeunes aujourd’hui qui se lancent dans ce métier ? Est-ce qu’il y a une reprise ?

Le marché de la lutherie est en pleine expansion. Beaucoup de jeunes s’installent et sont très forts. L’école de lutherie forme ces jeunes à un niveau exceptionnel. Mirecourt est une des meilleures écoles au monde et les jeunes Français qui s’installent aujourd’hui ont un niveau de connaissance qui est supérieur à celui de mon époque. Ils sont allés très loin dans la recherche de savoir-faire et de travail manuel et je vois des jeunes réaliser des instruments d’exception.

Une partie de mon travail consiste à expertiser un violon, de trouver son origine, son auteur, savoir si l’instrument est français, allemand ou italien. Il arrive parfois que les volutes (les têtes de violon) soient changées. On peut également voir s’il a été restauré, s’il est authentique, si le vernis a été repris ou pas, si toutes les parties principales sont d’origine. Pour des violons de grande valeur, il est nécessaire de faire établir un certificat d’authenticité par des experts français avant de les mettre en vente. Je travaille avec un expert à Paris qui s’appelle Jean-Jacques Rampal (Maison Vatelot Rampal) qui est très connu. Je parle là d’instruments qui ont une valeur de plus de 100 000 €.

Merci Olivier Gary pour cet échange et ce voyage sensoriel !

Olivier Gary
Luthier
7 bis rue des Franciscains
68100 Mulhouse
oliviergary68@gmail.com
03 89 56 36 40
oliviergary-luthier.fr

quand la lutherie devient un placement financier pour les entreprises

Vous avez l’âme d’un investisseur et un goût prononcé pour la belle musique ? Sachez qu’il est possible, en tant qu’entrepreneur, d’acheter un instrument de musique (certains pouvant ateindre le prix d’une maison) et de le prêter à un musicien (professionnel cela va de soi). C’est une forme de spponsoring. Il s’agit d’une opération très intéressante qui vous permet de défiscaliser à raison de 5,5‰ de votre Chiffre d’Affaires par an (ne concerne que  les entreprises). De plus, l’instrument va prendre de la valeur car ils sont de plus en plus demandés.

Pour tout renseignement, contactez Olivier Gary !

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