Capucine Carrot : Comm’Une fleur

MÉDIAS SOCIAUX : DOMINEZ-LES OU RESTEZ à L’Écart

Pour beaucoup de gens, il est parfois difficile de comprendre ce que peuvent apporter les métiers liés aux réseaux sociaux au sein d’une entreprise. Ces missions, souvent trop vite confiées à la stagiaire, ont pourtant un impact non négligeable lorsqu’elles sont prises au sérieux et surtout, lorsqu’une vraie stratégie est mise en place. Confiriez-vous votre comptabilité à votre neveu de sixième ? Capucine va vous expliquer en quoi les médias sociaux ont des choses à vous apporter.

 

Bonjour Capucine, qui es-tu ?

Je m’appelle Capucine Carrot, j’ai 31 ans et je suis Social Media Manager indépendante. J’habite à Mulhouse et je suis fière de ma ville, où je suis née et où j’ai toujours vécu. Je pratique le foot féminin depuis que j’ai 10 ans, même si en ce moment, une blessure à la jambe m’empêche d’être sur le terrain. Le foot féminin a super bien évolué, à mon époque ce n’était pas autant démocratisé. En ce qui concerne mes études, j’ai un cursus plutôt traditionnel. Après mon bac, j’ai fait un master à Strasbourg en communication avec une option digitale, le tout en alternance chez EDF hydraulique.

Cet aspect est important car cela m’a permis de gagner en expérience sur le terrain. Les employeurs demandent d’ailleurs très souvent de l’expérience, ce qui ne rend pas la tâche facile aux jeunes qui sortent de l’école. Strasbourg m’a permis de connaître les grandes villes, EDF m’a permis de découvrir la structure d’un grand groupe. Je suis ensuite revenu à Mulhouse où j’ai effectué un an en tant que salariée avant de me mettre à mon propre compte.

 

Quel est le rôle d’un Social Media Manager ?

Mon métier a pour but de m’occuper de la stratégie et de la présence des entreprises sur les réseaux sociaux, de l’image à la création de contenu, en passant par la rédaction de textes, la prise de photos, la réalisation d’illustrations et de tout ce qui englobe la visibilité d’une entreprise.

 

Pourquoi les entreprises vont sur les réseaux sociaux ?

Pour acquérir de nouveaux clients, augmenter leur chiffre d’affaires,  gagner en visibilité, en interaction et en notoriété avec leur communauté, parfois un peu aussi pour redorer leur image. Cela dépend vraiment des objectifs et de la stratégie globale de l’entreprise.

 

Et comment gagne-t-on de nouveaux clients via les réseaux sociaux ?

C’est une excellente question. On entend beaucoup de choses sur ce sujet. Il faut bien comprendre que Facebook, Instagram, LinkedIn, X, Tik Tok et toutes ces plateformes sont un média à part entière, au même titre que la radio, la presse ou la télévision. C’est surtout un support gratuit qui permet de toucher un public et donc de faire connaître son entreprise et son offre. Cependant, c’est un outil saturé. Il y a deux moyens de percer les lignes et d’être visible. Le premier consiste à déposer une somme gigantesque sur la table, le deuxième consiste à avoir une stratégie d’acquisition. Et c’est là qu’il faut comprendre que les réseaux sociaux fonctionnent selon certaines règles. La publicité telle qu’on la pratique à la télévision, par exemple, n’aura pas le même effet. C’est un média qu’il faut penser différemment. Nous n’allons pas nous demander ce que nous, entrepreneurs, avons envie de voir, mais plutôt nous mettre à la place du client et nous demander ce qu’eux aimeraient voir. La réponse est rarement : de la publicité. Il s’agit donc de les toucher par d’autres vecteurs, avec d’autres code et un autre type de message. A cela s’ajoutent les contraintes liées aux algorithmes qu’il faut également satisfaire et le fait que ce média évolue en permanence, ce qui nous oblige à rester en veille permanente pour suivre les tendances.Aujourd’hui, la moindre entité, qu’il s’agisse d’une mairie, la charcuterie du village et jusqu’à la multinationale, tout le monde est sur les réseaux sociaux. S’il on cherche à être visible, il va falloir sortit du lot. Ça passe par le choix du message, du format (vidéo, réel, story, etc.) ou du visuel … Chaque détail aura un impact sur le résultat de notre campagne. Certains contenus, comme les stories ou les réels ont une portée éphémère de 24h. Ce serait long d’entrer dans les détails, mais je finirai en disant que sans stratégie, on prend le risque d’aller nulle part, car tout le monde cherche à exister sur les réseaux. Seuls ceux qui savent se différencier y parviennent.

Beaucoup d’entreprises affectent cette tâche à une personne en interne, souvent non formée. Cela signifie-t-il que tout le monde peut le faire ?

N’importe qui peut ouvrir un compte sur les réseaux, prendre des photos, faire des vidéos et poster des publications. Je suis quotidiennement confrontée à cette vision du métier. La question est de savoir quel est le résultat attendu. Confieraient-ils leur comptabilité et leur stratégie financière à leur cousin sous prétexte qu’il a une calculatrice ? Je caricature, mais je pense simplement que beaucoup d’entreprise, principalement de petite taille, ont encore une méconnaissance de ce métier et de ce que nous avons réellement à apporter. Ce n’est pas un jugement de valeur, je comprends qu’ils puissent considérer que leur présence sur les réseaux sociaux ne soit pas une priorité dans leur budget, mais ils se trompent. Ma génération et celles qui suivent sont extrêmement connectés et beaucoup d’entreprises réalisent aujourd’hui beaucoup plus de business par le biais de ces canaux de communication. Les grands groupes l’ont compris depuis longtemps et toutes les grandes marques on misé dessus dès le départ. Ils savent pourquoi.

Il y a effectivement tout ce travail d’éducation, souvent propre aux métiers de la communication. Ce secteur est très souvent mis de côté en période de crise, ce qui est au final une erreur. Cela reviendrait à dire : nous sommes en difficulté, c’est le moment d’arrêter d’être présents et visibles. Bien entendu, communiquer représente un budget, et pas uniquement sur les réseaux sociaux, mais simplement parce que c’est du travail. Nous ne sortons pas les prix de notre chapeau, concevoir et réaliser du contenu de qualité demande beaucoup de temps. C’est également la raison pour laquelle très peu d’entrepreneurs arrivent à le faire. Nous parlons d’entreprises, mais je peux également citer les associations sportives, culturelles ou autres.

Il est également important de préciser que la communication n’est pas une baguette magique. Notre métier est d’amener les gens à connaître une entreprise et à passer le pas de la solliciter si elle est convaincue de son offre. Et c’est là que je veux en venir. Si le service, la prestation ou l’offre ne sont pas à la hauteur, la publicité n’y changera rien. C’est un aspect qui n’est pas toujours évident à entendre, mais on juge les retombées de la communication par le nombre ou la qualité des personnes ciblées, pas par le chiffre d’affaires.

Quelle est la différence entre un Social Media Manager et un Community Manager ?

L’anglicisme de ces deux termes rend parfois la chose incompréhensible pour les gens. Il y a tout d’abord l’aspect théorique. Il faudrait plus parler de créateur de contenu et degestionnaire de communauté. Le Community Manager est là pour gérer une communauté, c’est-à-dire qu’il va répondre aux messages ou publier du contenu qu’il a créé. Le Social Media Manager va avoir une approche stratégique globale, c’est-à-dire qu’il va définir un plan d’action précis sur la base d’objectifs clairs, vus avec le client. Il va faire appel à un créateur de contenus (un graphiste ou un Directeur Artistique), à un influenceur, à un photographe, ou à un vidéaste. Sa mission reste le pilotage. Par exemple, j’ai une personne en alternance qui s’occupe de toute la partie gestion de communauté. Aujourd’hui, je désire créer une première agence 100% media sociaux à Mulhouse et m’entourer de toutes les compétences citées précédemment. Il en existe à Paris, Lyon ou Strasbourg.

Où en sont les Français sur leur culture des métiers numériques ?

Il y a beaucoup de métiers récents et souvent dans des termes anglais qui souffrent cruellement d’un manque de compréhension du public. Les influenceurs, les créateurs de contenu UGC, CGC, même les web designers qui existent depuis longtemps ou les développeurs. Quelle différence y a-t-il entre quelqu’un qui va faire un site en WordPress et quelqu’un qui va proposer un site sur mesure avec du code ? Beaucoup de gens l’ignorent. Quelle différence entre un graphiste, un directeur artistique et un petit frère qui a installé Photoshop sur le PC du salon ? Je ne saurais dire si les Français sont à la page ou en retard, mais nous constatons que beaucoup des enjeux liés à ces métiers sont méconnus ou incompris. Pourtant, ils sont devenus incontournable, reconnus et ont un rôle primordial dans l’économie et dans la stratégie de développement d’une entreprise. Je sens tout de même une différence qu’on se situe dans une grande ou une petite ville. Cela n’empêche pas de trouver un développeur de génie au fin fond d’un village du Sundgau. Mais il faut reconnaître que certaines personnes n’ont pas pris la mesure de ce que ces métiers apportent. L’autre jour, une personne m’a encore expliquée que son entreprise n’était pas présente sur les réseaux sociaux, qu’elle n’en voyait pas l’intérêt et qu’elle estimait que cela ne servait à rien. Encore une fois, c’est sans jugement, je peux parfaitement comprendre qu’elle ne s’y intéresse pas. En revanche, lorsque je fais le constat de la place toujours grandissante des supports numériques dans notre vie, j’ai du mal à me dire que nous ferons machine arrière. Cela signifie qu’internet et les réseaux sociaux auront toujours plus de place dans notre quotidien. Il y a ceux qui l’ont compris et s’en servent, ceux qui l’ont compris et qui travaillent dur pour rattraper leur retard et ceux qui ne le comprennent pas et risquent de passer à côté.

 

Justement, quel conseil donnerais-tu à une entreprise qui se lance sur les réseaux ?

Je dirai qu’il n’est justement pas trop tard pour se lancer, mais il est important d’avoir une stratégie. Poster pour poster peut être une perte de temps, d’argent pour un résultat parfois médiocre, voir nul. Il faut se poser les bonnes questions. Lorsqu’on a besoin de savoir où on va, il est appréciable d’avoir un bon guide avec soi. L’erreur serait de vouloir toucher tout le Monde. Le ciblage est l’une des clés de la réussite.

Je peux donner l’exemple d’un client que je ne citerai pas, mais qui évoluait dans le domaine de l’emploi. Ils communiquaient déjà sur LinkedIn et je leur ai proposé de travailler également sur Facebook et Instagram. Leur objectif était d’amener plus de femmes vers les métiers du numérique par le biais de formations qu’ils proposaient. Je souhaitais amener un peu de légèreté dans le message en vue de rendre ces métiers plus accessibles, moins techniques. Nous avons donc lancé une série de réels (vidéos courtes éphémères) danslesquelles nous vulgarisions les mots afin de les expliquer. La décision est venue des plus hautes sphères de la hiérarchie, mais ils ont décidé de ne pas poursuivre, car ils n’aimaient pas l’utilisation du ton humoristique sur un sujet qu’ils jugeaient très sérieux. Cela révèle un point essentiel qui est très souvent incompris : les gens vont sur les réseaux sociaux pour se divertir, apprendre quelque chose, passer un moment agréable. S’il on désire leur faire passer un message, il faut que ce soit fait de manière ludique. Je suis très souvent confrontée à ce sujet. Ce n’est pas nous qui faisons les règles, ce sont les utilisateurs et les algorithmes qui décident de ce qui fonctionne ou non. Lorsqu’on voit une publicité à la télévision, on est contraint de la regarder jusqu’au bout pour voir la suite de notre film. Lorsqu’on voit quelque chose qui ne nous intéresse pas sur les réseaux sociaux, on le balaye d’un geste du pouce. Comprendre cet aspect est le premier pas pour appréhender la stratégie Social Media.

Je vais proposer à nos lecteur un instant pédagogique, parce que, même si on entend ce terme dans beaucoup de discussions, beaucoup de gens ignorent-encore ce qu’est un influenceur.

Il y a beaucoup d’idées reçues sur ce qu’est un influenceur. Il faut en premier lieu aire la différence entre les influenceurs télé et les micro-influenceurs dits locaux. Nous avons beaucoup entendu parler de la première catégorie, notamment avec des histoires de vente de faux produits, parfois défectueux. Il s’agit de deux mondes bien différents. Hormis pour les grandes marques, il est bien trop onéreux de travailler avec ces gens. Les micro influenceurs sont, en revanche, un levier très puissant pour développer une marque. Il s’agit d’une personne qui va choisir un sujet dans lequel elle est compétente ou dans lequel elle é des choses à apprendre aux autres. Il peut s’agir d’automobile, de cuisine, de littérature, de santé, de cinéma, de culture, de sport, de politique, de finances, ou de n’importe quoi d’autre, ils sont ou deviennent experts dans le domaine et sont capable de créer du contenu qui va générer un intérêt. Il n’y a aucune limite dans les sujets. Certains peuvent parler parfois d’un film ou d’une série télévisée pendant des heures et être suivis par des centaines de milliers, voir des millions de personnes. La qualité d’un influenceur réside dans sa capacité à être intéressant et sa faculté à fidéliser les gens qui s’abonnent. Etant spécialisés dans leur domaine, on peut les comparer à un programme télévisuel thématique avec son public. Sa régularité en fait un programme qu’on suit de manière journalière, hebdomadaire, mensuelle ou même annuelle. Il constitue un temps d’antenne et certains sont extrêmement bien payés. C’est là que se situe le coup à jouer pour les marques. La force d’un influenceur, c’est le ciblage, c’est-à-dire la faculté de rassembler une forte communauté autour d’un point d’intérêt commun. C’est comme si vous étiez capables de rassembler une énorme quantité de personnes qui aiment la même chose au même endroit, il ne reste plus qu’à payer l’influenceur, qui se rémunère par la publicité, pour faire la promotion de votre produit. Nous avons quelques influenceurs locaux très intéressants, chacun ayant sa spécialité. Mon travail est de me rapprocher d’eux et de réaliser ensemble une publicité pour valoriser mon client.

A Mulhouse, il y a par exemple No(émie) Hungryno qui est une référence mulhousienne sur la thématique culinaire et avec qui j’échange beaucoup. Il y a également Julie sur le thème de la parentalité qui a également ouvert une boutique (Madame Lychee). Certaines entreprises ont misé tout leur plan de communication exclusivement sur cette stratégie et sont devenues des marques mondialement connues.

 

Lors de la dernière campagne des européennes puis des législatives, nous avons pu observer l’importance de l’utilisation des réseaux sur les résultats des différents candidats. Les politiques se sont-ils emparés de cet outil ?

Le Rassemblement National est aujourd’hui le parti qui utilise le mieux les réseaux sociaux. Une étude réalisée par les DNA et l’Alsace nous montre, par le biais d’un graphique, qu’ils cumulent le plus d’abonnés sur les réseaux sociaux en Alsace, et de très loin. Nous avons également observé que des candidats en place, qui ne s’étaient pas exprimés depuis un moment sur leurs réseaux, ont du faire campagne et batailler d’avantage sur le terrain, très souvent en n’utilisant pas les bons codes réseaux sociaux. La présence et la régularité sont importants, mais il y a l’aspect de compréhension du réseau sur lequel on communique qui est primordial. Jordan Bardella a su adapter son discours et s’adapter aux différentes plateformes. Il ne parlait pas de la même manière, ni des mêmes sujets sur Tik Tok que sur Facebook. Il était sur des contenus courts, entre détente et humour, tout en plaçant des arguments de campagne et en montrant son quotidien. Voilà l’exemple d’une vraie stratégie Social Media. Mon conseil aux hommes et femmes politiques, c’est d’être en permanence sur les réseaux, comme sur le terrain, et pas uniquement au moment des élections. La majorité des mulhousiens ne sauraient nommer la personne en charge de la culture. Il est également essentiel de mettre de la pédagogie. Un élu local peut très bien expliquer ses missions du quotidien, expliquer pour quoi il vote au conseil municipal, parler d’un projet, expliquer, conseiller, se filmer avec des gens. Il y a tant de choses à faire, mais il faut le faire correctement. Une mauvaise stratégie sera contre-productive et peut devenir un obstacle.

 

Entre influenceur et Social Media Manager, peut-on dire que vous êtes les nouveaux journalistes de web ?

C’est assez drôle comme question, puisque mes parents étaient journalistes aux DNA. Oui, je pense qu’il y a une grande similitude entre les deux professions. Toutefois affirmer qu’il s’agit de la même chose, ce serait ne pas connaître le métier de journaliste. Maintenant, s’il on prend l’exemple de chaînes comme Brut ou Loopsider, ce sont des médias 100% en ligne qui relatent des faits d’actualité avec des gens qui sont en direct sur le terrain, mais ce sont des journalistes qui sont à la base du projet. Dans un sens, nous cherchons la même chose, donner de l’information, apprendre aux autres ce que nous avons découvert. Les réseaux sont avant tout un lieu d’échange. La course au follower n’est pas un but en soi. Il vaut mieux être suivi par 100 personnes qui manifestent un vrai intérêt pour ce qu’on publie que 100 000 personnes qui n’interagissent pas.

 

 

Capucine Carrot – Agence Comm’Une Fleur
hello@comm-unefleur.fr
+ 33 6 73 13 63 59
comm-unefleur.fr

 

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