On photographie avec l’oeil, mais aussi avec le cœur

La première fois que j’ai parlé avec Franck Chazelet, je lui ai parlé de technique, de matériel. Il m’a immédiatement redirigé sur l’aspect ressenti de la photographie. Franck fait partie de ces photographes qui créent un contact humain, pas matériel. Observateur bienveillant, chasseur d’instant, d’émotions, architecte d’une image vivante qui respire, c’est l’esprit Chazelet. Et comme des images valent mille mots, n’attendez plus pour aller partager un bon café dans son studio à Illfurth et laissez-vous guider !

Bonjour Franck, qui es-tu ?

Je suis Franck Chazelet, j’ai 53 ans, et je fais de la photo depuis que je suis jeune. Initialement, je m’étais intéressé à l’imprimerie et au métier des arts, mais mon père voulait que je fasse un cursus normal, avec un bac en poche. J’ai donc fini par l’écouter. J’ai eu un bac +2, je me suis ensuite orienté vers le Droit. J’ai rapidement décroché et suis parti faire du commercial. J’ai ensuite enchaîné les petits boulots avant de rencontrer mon épouse dans un village vacances auprès duquel j’exerçais comme éducateur sportif en chef. Je l’ai ensuite rejoint en Alsace, on s’est mariés, on a eu 2 enfants et là, j’ai décidé de suivre une formation à l’IPC de Colmar. Cette formation n’existe d’ailleurs plus, mais elle était très axée sur le commerce, la photographie et la vidéo. C’est ainsi que j’ai obtenu mon BTS qui a été suivi de près par une licence webdesign. Je n’ai pas trouvé chaussure à mon pied dans le web, disons que je n’ai pas une âme de développeur. Ma passion a toujours été la photo, j’avais toujours un appareil avec moi. Suite à mon divorce, je me suis installé à Illfurth où j’ai établi un studio en plain-pied qui est connecté avec un workshop de 150 m2, dans lequel je souhaite m’exprimer artistiquement. Actuellement, je fais beaucoup de portraits de familles, de photos de grossesse ou de mariage. Je constate que les gens ont du mal à se trouver eux-mêmes. Les séances sont courtes, entre une demi-heure et 01h30, je redonne du sens, du lien et c’est ce qui m’anime. Partager un moment de vie avec ses enfants qui plus tard verront ces photos. J’explique souvent aux parents que ce n’est pas pour eux qu’ils le font, c’est plus pour que leurs enfants puissent avoir ce souvenir, de belles images. Je leur demande souvent s’ils ont une photo de famille accrochée au mur. Ils me regardent, lèvent les yeux en l’air et me disent non. En vérité, ils n’osent pas, ils ne se trouvent pas photo-hygiéniques (une expression que j’ai inventée). Mais c’est tellement dommage parce que ce sont des moments immortalisés et au final, quand on fait le bilan de sa vie, on se souvient des gens.

Comment se porte le marché de la photo aujourd’hui ?

Je dirais qu’il accélère encore avec l’IA générative que j’ai découverte la semaine dernière. La technologie n’est pas encore tout à fait au point, mais le principe est simple. Il y a une bibliothèque photographique, sur laquelle se base l’outil. Il suffit de demander une photo d’un cheval qui court au vent et l’IA va la générer, bêtement. Mais il n’y a pas de réelle intention derrière l’image, pas d’observation, pas de cadrage, pas de recherche humaine. C’est simplement un outil qui va surfer sur les tendances de ce qui se fait et proposer une synthèse, froide, inhumaine. Avec une bonne connaissance en photo, ce seraient des photos montages qu’on aurait pu réaliser nous-mêmes. Maintenant c’est l’ordinateur qui s’en occupe. Cela dit, je ne pense pas qu’une IA sache prendre une photo de famille. Aujourd’hui, mon objectif est de développer la partie B to B. J’ai le studio, le matériel, des générateurs de 3600W, je peux éclairer n’importe quoi, on peut faire beaucoup de choses, que ce soit pour de l’architecture, de la macro et plein d’autres projets.

Comment tu vois le métier de photographe dans 5 ans ?

On va aller sur de la miniaturisation, du matériel plus léger, plus perfectionné, mais ce qui ne change pas, c’est le fait d’exercer son œil. Ceux  qui veulent ignorer ça auront des photos médiocres. Je pense aussi me lancer dans la formation, j’ai envie de transmettre mon savoir.

As-tu une anecdote sympa de photographe ?

C’est avec le petit-fils d’un de mes amis, il est venu au studio, on était plus détendus que d’habitude et l’enfant l’a très bien senti donc il touchait un petit peu à tout. Il bougeait partout et il a fallu pas mal d’énergie pour le canaliser, toujours par le jeu. Au bout d’un moment, le grand-père lui a tendu son gobelet qui ressemblait à une chopine. Ça m’ immédiatement  fait tilt, j’avais acheté des drapeaux, ainsi qu’un fond à une photographe. J’avais également un petit tonneau, je m’étais dit que j’en ferais quelque chose un jour, il traînait dans la cave. J’ai monté ma petite scène en deux temps trois mouvements, j’ai posé l’enfant sur le tonneau et j’ai fait ma photo. Moralité, une photo, ça se construit d’abord dans la tête. Cette image est unique pour moi, elle raconte 1000 histoires.

Quelles sont les grandes qualités d’un bon photographe ?

Tout d’abord la patience, puis de l’empathie avec les gens, savoir les mettre à l’aise. Mon expérience d’éducateur sportif m’a beaucoup aidé dans ce domaine. Et surtout, savoir cerner les individus en 2 secondes, les observer. Tout l’aspect technique vient avec l’apprentissage.

Franck Chazelet
Photographe
34 route de Mulhouse
68720 Illfurth
contact@franckchazelet.com
06 45 11 16 44
franckchazelet.com

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