Elodie Ligibel – CFCA
Qui a dit que les experts comptables n’étaient pas fun ?
Si on devait écrire un livre qui s’appelle «100 ans d’humour comptable», pas sûr que ce soit un best seller. Élodie est une jeune femme unique qui a su combiner un métier sérieux, rationnel et cartésien avec un esprit créatif et coloré. Quand l’univers du skate et du tatoo rencontre celui des chiffres et de la finance, cela donne un cocktail de fraîcheur !
Bonjour Élodie, qui êtes-vous ?
Je suis Élodie Ligibel, je suis experte comptable sein du cabinet CFCA à Saint-Louis depuis 2015 et j’exerce ce métier depuis 20 ans, ayant débuté ma carrière à Mulhouse, d’abord en tant que comptable. J’ai gravi les échelons de ce métier tout en exerçant, jusqu’à l’obtention du diplôme d’expert-comptable qui équivaut à un bac + 8. On peut dire que mon orientation professionnelle a été influencée par un environnement familial, déjà ancré autour de cette profession. Ce qui est amusant, c’est que mes parents avaient plutôt tendance à me conseiller de faire autre chose, je dis la même chose à ma fille, mais il semblerait que nous ayons un affect particulier pour les chiffres. Finalement, j’ai fait ce choix sans me poser trop de questions.
Pouvez-vous nous présenter le Cabinet CFCA ?
Il s’agit du Centre Fiduciaire et Comptable d’Alsace, dont la maison mère se situe à Saint-Louis. Nous avons également une entité à Mulhouse, rue de la Sinne. Nous sommes un cabinet familial d’environ 25 collaborateurs et qui a été fondé par Henri Bacher il y a plus de 50 ans. Ce dernier est toujours dans les locaux mais son fils, Jean-Frédéric, a repris l’entreprise. Nous sommes généralistes au niveau de notre clientèle et notre position tri-frontalière nous permet de toucher également un public étranger, souvent des entrepreneurs suisses ou allemands dont l’activité est en France.
Élodie, je vous observe et je constate que vous avez quelque chose de différent des experts comptables que j’ai l’habitude de côtoyer.
Effectivement, on me dit souvent que je sors des standards. Mon look traduit mes autres passions qui sont le tatouage, le skateboard, les casquettes et la culture urbaine. C’est assez surprenant de voir ces deux univers cohabiter. Cela crée un contraste entre l’aspect sérieux de mon métier et mon côté artistique. Pourtant, on ne m’a jamais fait de réflexions désobligeantes sur ce sujet. Au contraire, mon look un peu décalé a toujours été bien accueilli et semble installer un climat de confiance. On aborde l’aspect chiffres avec un peu plus de légèreté, et les plus sceptiques découvrent vite que derrière mon aspect, le sérieux qu’on est en droit d’attendre d’un expert-comptable est bien au rendez-vous.
Le fait que votre look, qui au passage n’a rien non plus d’extravagant, puisse susciter l’intérêt dénote-t-il d’une certaine standardisation des métiers liés à la finance et à l’administration ?
Sans aller jusqu’à dire que notre métier est stéréotypé, nous avons néanmoins une certaine culture de l’image et du sérieux qu’elle renvoie. Je ne viendrai pas demain en pantalon baggy, mais je ne vais pas non plus cacher à tout prix mes tatouages. Il y a encore 20 ans, cela aurait été plus compliqué. Il ne faut pas oublier que nos clients nous confient des informations stratégiques et sensibles sur la santé de leur entreprise, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi non plus, mais je constate que les esprits se sont libérés sur certains sujets. Comme on le dit, l’habit ne fait pas le moine et je pense que les gens sont moins attachés à l’image, ce qui nous permet de sortir un peu du schéma vestimentaire stricte qu’ont pu connaître les générations précédentes. Je dirai même que nos clients ont besoin d’un accompagnement humain et on se sent en sécurité avec des gens qui nous ressemblent. Nous avons tous une personnalité, nous ne sommes pas des robots. La mienne intrigue dans un premier temps pour finalement envoyer le message suivant : « je suis humaine comme vous ». Cet apaisement dans la relation est propice à instaurer un climat de confiance. Nous avons également la réputation d’avoir un langage très technique, voir même complexe, ce qui crée une distance avec le client. Le rassurer, c’est aussi sortir un peu de ce pragmatisme pour remettre de l’humain au centre. Nous sommes parfois même amenés à faire du social car, derrière chaque entreprise, il y a des vies. En résumé, notre image se modernise et je suis pour cette modernisation.
Où en est-on de la place de la femme dans le métier d’expert-comptable ?
Par le passé, il y avait moins de femmes que d’hommes, mais cela était dû, à mon sens, à la durée des études (Bac+8) qui est difficile à concilier avec une vie de famille. Cela vient à un âge où les gens commencent généralement à se poser et envisagent d’avoir des enfants. Beaucoup de mes amies se sont arrêtées à la licence ou au master pour ces raisons. Pour information, après le master, il y a 3 années durant lesquelles on travaille à temps plein en cabinet, tout en cumulant les écrits, un mémoire à rédiger et des sessions de cours. C’est à ce moment-là que j’ai eu ma fille. Ajoutez un bébé à l’équation et vous avez un rythme de vie extrêmement intense. Si je n’avais pas eu la chance d’avoir ma famille et un employeur bienveillant et compréhensif, je n’aurais pas tenu. Heureusement, nous voyons de plus en plus de femmes arriver dans la profession et c’est une bonne chose.
Votre cabinet a une démarche RSE et est labellisé « Alsace Excellence ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce label s’inscrit dans une démarche de valorisation des entreprises alsaciennes et est attesté via un audit. Il nécessite de répondre à 5 critères qui sont : la performance économique, l’éthique sociale, la responsabilité environnementale, ainsi que l’engagement sociétal et territorial. Ce sont les principaux piliers sur lesquels nous sommes notés. Cela concerne tous types d’entreprises implantées localement. Cette démarche RSE nous invite à repenser nos métiers différemment, de manière plus responsable. C’est essentiel, à une époque où tout va très vite et où la concurrence nous pousse à dépasser sans cesses nos limites, de pouvoir prendre du recul sur ces questions et de ne pas perdre de vue ces questions essentielles qui sont l’avenir de notre planète ou le sens de l’humain dans nos métiers. Il ne s’agit pas de le faire uniquement pour dire qu’on l’a fait. Cette démarche a un réel impact sur notre quotidien, car elle nous permet d’évoluer dans un cadre sain, de donner du sens à nos missions, tout en répondant aux exigences du marché.
Lorsqu’on parle d’humain, dans vos métiers, comme dans d’autres, comment appréhendez-vous l’arrivée de l’IA ?
Il est évident que notre profession est déjà et sera fortement impactée par cette automatisation. Pour autant, cela ne m’effraie pas, je ne le vois pas comme la fin de l’emploi dans le domaine comptable. Nous l’utilisons déjà, par exemple, pour la reconnaissance et la comptabilisation automatique d’une facture. Ce temps de saisie n’exclue pas une vérification de notre part et nous permet de gagner du temps pour du conseil, ce qui est tout de même le cœur de notre métier. L’analyse des chiffres va également être plus poussée. Finalement, nous allons simplement recentrer notre activité sur ces points et c’est une bonne chose. Nous avons donc pris le parti d’accepter et d’accueillir ces nouvelles technologies, afin d’en tirer le meilleur. Selon moi, l’IA n’est pas une ennemie, je souhaite que demain, elle fasse ma lessive et ma vaisselle pour que je puisse avoir le temps de lire et de dessiner. Je pense qu’elle va nous permettre de reprendre le contrôle de notre temps. Il en va de même dans notre métier. Nous allons automatiser certaines tâches et être plus réactifs, encore plus dans le conseil.
Élodie Ligibel CFCA
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68300 Saint-Louis
ligibel.e@cfca.eu
+33 3 89 56 50 60
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