Venons-en à Vialis, pourriez-vous nous raconter son Histoire ?
L’Histoire de Vialis remonte aux années 1845. À cette période-là, la Ville de Colmar avait pour objectif de faire éclairer ses rues. La seule solution qui existait à l’époque, c’était par le gaz. A donc été décidé de faire construire une usine de fabrication de gaz manufacturé qui était stocké dans des gazomètres et ensuite acheminé par canalisations dans les rues de Colmar pour assurer l’éclairage.
Au début, il s’agissait d’une entreprise privée qui avait établi cette usine à gaz pour ensuite être reprise par la Ville de Colmar sur autorisation du Président de la république Louis Napoléon Bonaparte via un arrêté signé le 10 mars 1852.
Il faut rappeler que les Usines Municipales de Colmar (UMC) devenues RMC – Régie Municipale de Colmar et enfin Vialis, a été la première Entreprise Locale de Distribution (ELD) aux mains d’une collectivité en France.
Les services aux collectivités avec l’éclairage au gaz a donc été la première des activités. Par la suite l’activité a été complétée par le transport public via le tramway qui nécessitait une force motrice, donc de l’électricité a été fabriquée pour le faire fonctionner. Dans cette même période, à la fin du XIXᵉ siècle, les UMC avaient également en charge le pompage et la distribution d’eau potable.
Des changements importants sont intervenus dans la décennie 1990 : d’une part, la ville de Colmar avait décidé de créer une structure spécifique aux transports en commun, aujourd’hui la TRACE et, d’autre part, de créer une société d’économie mixte pour la gestion de l’eau dans sa globalité, c’est-à-dire avec l’assainissement, il s’agit de la Colmarienne des eaux.
En 1994 nous avons élargi nos domaines de compétences avec la prise en compte de l’activité télécoms. Au début c’était tout simplement, si j’ose dire, le réseau câblé (unidirectionnel) avec la diffusion d’un service de télévision qui était constitué de 18 chaînes analogiques. Nous l’avons ensuite fait évoluer pour en faire progressivement un réseau de Très Haut Débit (THD) qui permet, toujours et encore, de diffuser des services de télévision numérique, d’Internet, de téléphonie fixe et mobile. Cette activité était initialement circonscrite sur le réseau câblé de Colmar. Il a été ensuite étendu à des collectivités voisines du bassin colmarien, mais toujours en mode réseaux câblés :
– A Ingersheim, Horbourg-Wihr et Turckheim depuis 1998
– Puis Sundhoffen en 2001.
– Depuis 2005, Vialis propose également ses offres sur le réseau de la communauté de communes du Val d’Argent.
Depuis 2017, nous avons élargi notre zone de chalandise puisque nous fournissons ces mêmes services sur le réseau fibre optique construit par Rosace en Alsace, dans les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. Aujourd’hui nous pouvons fournir l’ensemble de l’Alsace et avons de nombreux relais de proximité.
Il s’agit là d’une nouvelle étape marquante dans l’histoire de Vialis.
En effet, pour réduire la fracture numérique, qui touche essentiellement les communes rurales, la Région Alsace « de l’époque » a initié une démarche visant à déployer un réseau très haut débit en fibre optique. Elle a retenu l’offre du consortium NGE-Altitude en décembre 2015.
La société Rosace est née de cette décision quelques temps plus tard avec pour missions la construction, le déploiement et l’exploitation d’un réseau de fibre optique dans les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. La démarche a été reprise et poursuivie par la Région Grand Est et en date du 21 avril 2016, Vialis a signé la convention avec Rosace.
Ce réseau a été construit et déployé jusqu’en 2022, dans près de 380.000 foyers et environ 700 communes alsaciennes.
C’est évidemment une réelle opportunité pour Vialis, avec un formidable potentiel de développement.
Au-delà de Rosace, l’extension géographique de nos offres couvre désormais le réseau Oxygène dans le Nord du Bas-Rhin sur le secteur de Niederbronn les Bains.
On entend qu’aujourd’hui il y a beaucoup de compétences, beaucoup de métiers. Il y a également des filiales qui sont associées à Vialis. Peut-on en parler ?
Bien sûr ! Vialis a toujours été très active dans le domaine de l’énergie. Nous avons complété notre panorama en ayant acquis en 2015 une participation à 50 % dans notre filiale Alsen. Cette société nous permet de commercialiser de l’électricité et du gaz auprès de clients au delà de notre périmètre d’action historique. Grâce à cette entreprise, nous fournissons des clients dans toute l’Alsace, et nous pouvons même les accompagner sur l’ensemble de leurs sites partout en France. Je prends l’exemple de Liebherr, client emblématique à Colmar, qui est fourni en électricité sur toutes ses implantations.
Plus récemment, fin 2022, nous avons acquis la majorité du capital de la Société Colmarienne de Chauffage Urbain (SCCU) qui est implantée à Colmar depuis les années 70. Elle assure, pour bon nombre de logements Colmariens, l’alimentation en eau chaude pour le chauffage et le sanitaire. Elle s’adresse donc à de l’immobilier, mais également à des bâtiments tertiaires, administratifs ou militaires avec le 152e RI.
Le chauffage urbain à Colmar est constitué à plus de 85 % d’énergies renouvelables et de récupération : 70 % à partir de l’incinération d’ordures ménagères, 15% sont fournis par une chaudière biomasse avec des plaquettes de bois qui viennent des environs et 15 % sont fournis par du gaz pour assurer la flexibilité de l’installation. En effet, de nouvelles chaudière à gaz très modulables permettent d’assurer cette flexibilité entre le matin où il peut faire froid et l’après-midi où il y a davantage de soleil.
L’énergie à Colmar, il faut la considérer dans sa globalité ce qui permet d’avoir une belle vision et une trajectoire dans le contexte de la transition énergétique.
Réussir à couvrir l’ensemble des enjeux énergétiques sur la place colmarienne est vraiment intéressant pour Vialis. La transition énergétique suppose également que davantage d’énergie soit produite localement et en particulier de l’électricité. Ainsi nous sommes propriétaire à plus de 65 % d’une filiale de production d’électricité photovoltaïque. Ça fait à peu près deux ans que cette installation produit de l’électricité verte, elle a été construite sur un ancien terrain militaire qui est propriété de la commune de Volgelsheim. Nous avons installé sur 20 hectares une centrale photovoltaïque au sol qui injecte cette électricité dans le réseau local de distribution d’électricité exploité par Vialis. Une seconde installation photovoltaïque est en construction sur un terrain propriété de la Ville de Colmar. Il s’agit également d’une centrale au sol sur une surface de 10 hectares. D’ici l’automne prochain elle commencera à produire.
J’ai quand même envie de vous poser cette question, vous expliquez que Vialis est une société de prestation de services qui dépend encore un peu de la collectivité, c’est une spécificité purement colmarienne : est-ce qu’une structure comme celle de Vialis et ses filiales sont en recherche de profit, ou l’objectif est-il uniquement de maintenir un équilibre afin d’offrir le meilleur service aux clients et ainsi pouvoir réinvestir et continuer à développer ces réseaux et l’innovation ?
Effectivement, Vialis est une société anonyme d’économie mixte, donc nous sommes confrontés aux réalités de toutes les autres sociétés. La particularité, c’est que ses actionnaires sont à plus de 60 % des collectivités, en l’occurrence la Ville de Colmar à 41 % et la ville de Neuf-Brisach à 20,5 %. Le reste du pourcentage est détenu par d’autres actionnaires-administrateurs, notamment le groupe FIPARES – ÉS à Strasbourg, le groupe R-GDS, le principal distributeur de gaz du Bas-Rhin ou encore ENOVOS, une société d’énergie du Luxembourg. Nous devons dégager des ressources et des bénéfices pour permettre, comme vous l’avez rappelé, de réaliser nos investissements. Il est important que nos services soient toujours à la hauteur, que la sécurité des personnes et des biens soit assurée. Nous investissons à hauteur de 12 à 15 millions d’euros par an dans les différents réseaux ou dans les infrastructures et solutions informatiques, et dans nos bâtiments.
À travers ces investissements, nous faisons vivre un nombre important d’entreprises locales. Nous faisons intervenir des entreprises de travaux publics, des prestataires de services divers qui eux-mêmes font travailler des salariés.
On sent bien que votre métier n’est pas simple. Il faut trouver le juste milieu entre la notion financière et la veille technologique que vous entreprenez au quotidien.
On sait bien que les moyens de communication aussi sont devenus un pilier et des leviers de différenciation dans la compétitivité des entreprises. Que ce soit à l’échelle locale, mais également internationale. Quelles sont les solutions que vous proposez ?
L’innovation c’est le moyen de rester dans la course et de soutenir la concurrence, bien évidemment.
Dans le domaine des télécoms par exemple, au départ, c’était simplement 18 chaînes analogiques qui étaient diffusées sur le réseau câblé, et aujourd’hui, il s’agit de Très Haut Débit avec des offres à plusieurs Gigabytes. J’évoque un exemple d’innovation que, j’espère, nous pourrons présenter aux clients d’ici fin d’année voire début d’année prochaine. C’est le FTTR, le Fiber To The Room au lieu du Fiber To The Home. Nous sommes tous confrontés de temps en temps à un wifi qui peut être gêné par une diffusion à travers un mur de brique ou de béton, ou une box au sous-sol ou dans le garage. Avec cette solution un cap supplémentaire est franchi où l’on pourra diffuser de la fibre jusque dans chacune des pièces. Nous travaillons activement avec des fabricants de matériel et l’objectif est de faire en sorte que nous soyons parmi les premiers à mettre à disposition des clients ce nouveau service qui n’est pas encore déployé en France métropolitaine.
Vialis doit aussi développer davantage ses solutions de production locale d’électricité. J’ai évoqué deux projets photovoltaïques qui sont bien engagés. Nous venons de créer une nouvelle filiale qui se dénomme « Vialis Solutions EnR » et qui nous permettra de réaliser d’autres projets de production d’électricité photovoltaïque. Nous avons pour ambition d’accompagner les clients dans leurs obligations de « solariser » par exemple leurs parkings dépassant une certaine surface.
C’est typiquement par des avancées et des solutions nouvelles de ce type-là, que ce soit dans la transition énergétique ou dans le domaine du numérique, que nous remplissons notre rôle et que nous accompagnons le mouvement de ces évolutions dans lesquelles nous devons nous aussi prendre part.
Quelles sont les valeurs portées par Vialis ?
Les valeurs que nous cherchons à développer et à maintenir, ce sont : la fidélité, la proximité et l’exemplarité auprès de nos clients. Notre objectif, c’est qu’il y ait une relation de confiance qui perdure. Cela ne se décrète pas, nous devons prouver un certain nombre de choses. Bien sûr, il y a une équation économique, nous ne sommes pas philanthropes pour autant, mais notre façon de faire n’est pas une recherche du profit absolue, mais une recherche de la fidélité et de la relation permanente avec nos clients. Nous sommes attentifs aussi à tous les publics. C’est pour cette raison que régulièrement, nous accompagnons financièrement des associations caritatives pour les aider dans leurs différentes actions. Nous accompagnons également les associations sportives et culturelles. En tant qu’acteur local ancré dans son territoire, nous avons une responsabilité importante, on ne peut pas se détourner. Quand je passe dans une rue ou dans un lieu public, il n’est pas rare qu’on m’interpelle. Notre moteur est la satisfaction de notre clientèle. Je pense que c’est cette proximité là et cette honnêteté qui sont vraiment nos valeurs essentielles.
J’ai envie de conclure cette interview par une dernière question qui va certainement être la plus compliquée. Vous n’êtes pas devin, mais je m’interroge sur la manière dont Vialis imagine faire face aux grands défis de demain ? J’inclus dans cette question, notamment, l’arrivée de l’intelligence artificielle. Je ne vous demanderais pas si vous êtes pour ou contre, parce qu’on ne pourra pas aller contre. Comment appréhendez-vous l’arrivée de cette nouvelle technologie ?
Concernant les évolutions technologiques, je pense qu’on a démontré notre capacité à pouvoir les intégrer et en faire des atouts. Nous sommes en train de voir, et je l’évoquais tout à l’heure, comment faire au mieux pour être suffisamment bien protégé dans le domaine de la cybercriminalité.
S’agissant de l’intelligence artificielle, elle ne remplacera jamais l’humain et le collaborateur dont je disais tout à l’heure qu’il a toute son importance dans la relation avec nos clients justement. L’intelligence artificielle facilitera peut-être un certain nombre d’approches et d’analyses de données techniques qui permettront de prévenir des événements ou des pannes par exemple. Je pense que ces solutions permettront davantage de sécurité et de mieux appréhender les besoins à satisfaire par une meilleure connaissance de l’environnement dans lequel nous évoluons.
S’agissant des mutations importantes du moment, la première obligation que nous avons c’est de nous y intéresser et de nous y former. Une part importante de notre budget est consacré à la formation du personnel, c’est bien la preuve que nous veillons à ce que ces transitions soient justement possibles. Nous faisons en sorte que l’humain reste dans la course, qu’il arrive à intégrer et accompagner ces évolutions et ces transformations.
Nous intéressons nos salariés à tous ces sujets et nous les motivons. C’est parce qu’il y a ce genre de démarches que nous arriverons à appréhender ces différentes mutations.
Merci Benoît pour ce bel échange. J’ai envie de conclure ici, mais j’ai aussi envie de vous laisser le mot de la fin. Est-ce que vous auriez quelque chose à ajouter qui va au-delà de ce que j’aurais pu vous demander ?
J’ai envie de dire que le travail, c’est prendre plaisir à se renouveler tous les jours, dépasser une performance et faire en sorte que le client reste fidèle, à travers l’attention qu’on lui porte.
Si nos collaborateurs témoignent de cette fougue et de cette envie, le client se dira : j’ai envie de continuer à bosser avec eux, ils sont à mes côtés, je leur fais confiance.
Je suis entouré de près de 300 salariés qui, au quotidien, veillent au grain, sont attentifs aux besoins des clients. S’il n’y avait pas ces équipes qui nous soutiennent dans les solutions que nous déployons, et qui mettent en œuvre les différents choix qui sont faits, sans eux, j’ai beau parler, je n’arriverai à rien. C’est le collectif qui est l’élément essentiel dans la réussite d’une entreprise.
Merci Benoît!
Benoît Schnell Vialis
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