Léonora Investigations
Dans la peau d’une détective privée
Elle ne fume pas la pipe, n’est pas accompagnée d’un Docteur Watson, n’élucide pas le meurtre du Colonel Moutarde avec son chandelier et pourtant, elle est détective privée. Lorsque Léonora présente sa profession atypique, elle ne manque pas de susciter une pléthore d’interrogations. Open est allé la rencontrer pour vous présenter un métier qui stimule l’imaginaire et ne manque pas de nous rappeler bon nombre de références culturelles.
Bonjour Léonora, qui es-tu ?
Je m’appelle Léonora, j’ai fait trois ans de FAC de droit. Lors de mon cursus universitaire, on nous a présenté différents métiers liés au droit. J’ai découvert le métier de «détective privé» et c’est en lisant les caractéristiques que je me suis rendu compte que cela me ressemblait. J’ai pris contact avec l’un des intervenants afin d’avoir plus d’informations sur le métier. J’ai alors découvert qu’il existait plusieurs écoles de formation.
Après ma licence de droit, j’ai rejoint la faculté de Nîmes pour faire une licence professionnelle de Droit mention «agent de recherches privées». Cette dernière étant sélective, nous avons dû passer un entretien supervisé par des détectives en fonction. La formation d’un an nous a permis d’acquérir des notions juridiques, ainsi que de la pratique avec différents intervenants ayant chacun leur domaine de compétences. Pour valider le cursus, un stage de 3 mois est obligatoire.
Suite à l’obtention de mon diplôme en 2018, j’ai ouvert mon cabinet Léonora Investigations à Mulhouse. Néanmoins, ma compétence territoriale s’étend dans toute la France.
En quoi consiste ton métier de détective ?
Nous travaillons pour le compte des particuliers et des professionnels. La majorité de mes enquêtes s’adressent aux particuliers, dans l’accompagnement de procédures civiles. Il s’agit souvent de cas de divorce, de garde d’enfants, d’adultère, de révision de prestation compensatoire ou de pension alimentaire, etc.
Chez les détectives, il y a deux branches : les détectives généralistes, comme moi, et les ALFA qui, eux, sont dédiés aux assurances. Tout comme les ALFA, nous réalisons des enquêtes de voisinage, des recueils de témoignages.
La plupart du temps, les détectives généralistes ne rentrent en contact ni avec la cible, ni avec son entourage. Nos missions sont plutôt tournées autour de la filature, de la surveillance ou de l’investigation numérique. Il y a également une grande part d’administratif dans notre métier.
Quelles sont tes fonctions ? Qu’es-tu amené à faire ? Qu’as-tu droit ou non de faire ?
Apporter une réponse précise à cette question serait très complexe, mais je vais tenter de synthétiser la chose. Notre métier nous ouvre uniquement le droit d’enquêter, c’est-à-dire de procéder à des investigations, de la surveillance et des filatures. C’est le droit que nous avons en plus de celui d’un citoyen lambda. Maintenant, il nous est formellement interdit, et pour des raisons légitimes, de porter atteinte à la vie privée des citoyens, qui est toujours protégée par l’article 9 du Code civil. Concernant la prise photographique, cette dernière est particulièrement réglementée.
Est-ce que ton métier peut être amené à être dangereux ?
Oui, complètement. C’est la raison pour laquelle je n’accepte pas certains dossiers pouvant nous amener à être en contact de près ou de loin avec des personnes ou des situations plus ou moins dangereuses. Principalement pour moi qui suis une femme.
C’est pour cela que je demande à mes clients d’être 100 % honnêtes avec moi sur le contexte dans lequel je vais devoir enquêter.
Le manque d’information peut avoir de graves conséquences. En effet, la plupart du temps, je travaille seule, je peux me retrouver dans des endroits exigus, comme une petite ruelle, ou des lieux isolés, ce qui accentue mon exposition au danger.
En revanche, être une femme peut avoir certains avantages dans ce métier. En effet, les cibles sont susceptibles d’être moins suspicieuses dans certains cas.
C’est aussi un avantage lorsque nous devons suivre des étudiants ou des lycéens. Il est plus aisé pour une femme d’effectuer de la surveillance à l’entrée d’un établissement scolaire que pour un homme. Cela éveille moins de soupçons.
As-tu une anecdote particulière qui te vient à l’esprit et qui est caractéristique de ton métier ?
Un aspect que j’aime particulièrement dans mon travail, ce sont les enquêtes sur les recherches de personnes. Cette thématique ouvre un panel assez large. Nous pouvons faire de la recherche de débiteurs mais nous pouvons également être amenés à rechercher des personnes perdues de vue, un ami d’enfance, un ancien collègue de travail ou quelqu’un de la famille. On m’a même déjà demandé de retrouver des amours d’enfance. Dernièrement, j’ai été mandatée pour rechercher un membre d’une famille. L’enquête s’est avérée concluante et lorsque j’ai retrouvé cette personne, c’était un moment particulièrement émouvant.
Cet aspect de mon métier donne énormément de sens à ce que je fais et c’est la raison pour laquelle la recherche de personnes est l’une des missions que j’affectionne le plus.
J’aime cette idée de recréer du lien entre les personnes. Bien sûr, j’adore enquêter, investiguer, mais il y a là une dimension humaine qui a une grande valeur pour moi.
Il faut savoir que lorsque nous retrouvons une personne, nous sommes tenus d’obtenir son consentement pour divulguer les informations que nous avons retrouvées sur elle. Nous ne pouvons en aucun cas fournir quelque information que ce soit sans ce consentement explicite.
Concernant les enquêtes pour le compte des professionnels, nous sommes extrêmement réglementés. Nous pouvons être amenés à enquêter sur des salariés. Par exemple, nous travaillons sur des dossiers/cas de concurrence déloyale ou de vol en entreprise. Nous pouvons également nous occuper de rechercher des débiteurs et bien entendu, nous travaillons également pour le volet pénal. Cela peut concerner des cas d’attouchement ou de harcèlement, par exemple. Il y a également les cas d’escroquerie, d’abus de faiblesse ou de confiance. Ainsi nos moyens d’actions relèvent de l’investigation, du recueil de témoignages ou de l’enquête de voisinage.
Ton métier de détective privé t’impose de ne pas être reconnue dans la rue. Pour cela, tu dois faire des efforts spécifiques afin de préserver ton anonymat. Quelle répercussion cela a-t-il sur ta vie au quotidien ?
Selon moi, on peut avoir une vie sociale, simplement cela implique de recourir à certains subterfuges. Je dirais que l’impact de mon métier sur ma vie privée se joue plutôt sur les sujets que je vais être amenée à traiter.
Parfois, je travaille sur des sujets lourds qui peuvent prendre une place importante dans mes pensées.
Je suis quelqu’un d’empathique et certaines histoires me permettent plus difficilement de prendre de la distance. En effet, dans ce métier la partie relationnelle est importante. Nos clients se confient à nous, et souvent, ils placent de grands espoirs en nous ou peuvent parfois être dans une situation de détresse. Cela nous confère une grande responsabilité et ça peut également être une source de pression. Au-delà de l’enquêteur, il y a le psychologue, même si nous ne sommes bien évidemment pas des professionnels dans le domaine, l’aspect psychologique est important dans notre métier, au même titre qu’un médecin qui doit rassurer son patient.
Ensuite, il y a les horaires. Nous n’avons aucune règle à ce sujet. Mes missions peuvent débuter aussi bien à 4h30 du matin qu’à 23h. Nous devons nous adapter en permanence sur le rythme de vie de nos cibles. Cela nous oblige parfois à mettre notre propre rythme de vie et nos propres obligations de côté. Ce mode de vie peut être compliqué à gérer, particulièrement dans le cadre d’une vie de famille. C’est un métier qui amène une grande adaptabilité et qui est le plus souvent effectué par passion.
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