Anthony Hernu & Charles-Alexandre Plaisant : Le Périscope & Agence Cactus
Le Périscope : 15 ans de soutien aux entrepreneurs du Haut-Rhin
Open ne pouvait pas se lancer dans l’aventure de créer un magazine dédié aux entrepreneurs locaux sans rendre hommage aux pionniers alsaciens dans ce domaine. Lorsque vous arrivez chez Cactus pour la première fois, parce que c’est bien là que le Périscope voit le jour, vous avez l’impression d’être à la maison. Et pour cause, Anthony et Charles, c’est un mariage qui dure depuis plus de 18 ans. Ces deux-là n’ont plus rien à apprendre l’un de l’autre et c’est avec leur franc-parler et une bonne humeur contagieuse qu’ils nous ont ouvert les portes du plus célèbre journal des professionnels du Sud Alsace.
Bonjour Messieurs, pouvez-vous vous présenter ?
CP-AH : Bonjour, je m’appelle Charles Plaisant, j’ai 50 ans, je travaille dans la publicité depuis plus de 30 ans et je suis co- dirigeant de Cactus et du Périscope. Moi, je suis Anthony Hernu, l’associé de Charles, j’ai 46 ans, je suis dans la communication depuis à peu près 25 ans également. On a créé Cactus en 2005 et Cactus est l’heureux propriétaire du Périscope qui va fêter ses 15 ans en 2024.
C’est quoi le périscope ?
CP : C’est le journal des entreprises locales. C’est important de dire aussi que c’est un média positif. On ne parle que des choses qui vont bien parce que ça va bien finalement, plutôt que de s’attarder sur les choses qui ne fonctionnent pas dans l’entrepreneuriat ou les difficultés. Dans le Périscope, nous parlons des actions qui sont inspirantes pour tous les entrepreneurs du Sud et du Centre Alsace (puisque nous sommes également présent à Colmar).
AH : Nous mettons en valeur des success stories d’entreprises mais aussi des entrepreneurs qui se lancent. Ce qui nous intéresse, ce sont les évolutions de chiffre d’affaires, les embauches, les investissements. Le Périscope a été créé à l’époque, pendant la crise des sub primes justement pour générer du contact et du lien entre les entreprises locales. C’est parti du parc des collines sous l’impulsion de Béatrice Faurroux, qui a constaté qu’on va parfois chercher une entreprise à Bordeaux alors qu’il y a son équivalent à 10 km de chez nous.
Béatrice s’était entourée d’une équipe aux multiples compétences avant de se rapprocher de Cactus en 2015. Cactus avait et a toujours toutes les compétences réunies en un seul endroit. La force économique d’un journal réside dans la vente d’encarts publicitaires, ce que nous avions à lui apporter lui a plu. Et on a fait un petit bout de chemin ensemble pendant 5 ou 6 ans avant qu’elle nous cède l’entreprise. Nous avons créé ensemble une société «Le Périscope» et c’est par ce biais que nous l’avons racheté.
Quels sont les grands chapitres de la construction du journal ?
CP : En premier lieu, l’entrée de Cactus (donc de Charles et moi) dans le Périscope, la collaboration avec Béatrice, puis son départ. Nous avions à cœur à ce moment là, de savoir si le journal pouvait vivre sans l’image emblématique de Béatrice Faurroux, si nous avions réussi à nous l’approprier, commercialement c’est un fait, mais également du point de vue de son état d’esprit, de sa philosophie. Et ce fut le cas.
La période du COVID a été un moment aussi important puisqu’avec la création des Péris’Angels, nous avons créé quelque chose d’innovant et malgré notre propre inconfort durant cette période, nous avons mis toute notre énergie à la disposition des entreprises à qui nous avons offert plus d’une trentaine d’articles. On a fait une dizaine de mises en relation.
Comment ça fonctionnait concrètement ?
AH : Les entreprises prenaient contact avec nous afin de paraître dans le journal. En fonction des places disponibles et de leur actualité, notre journaliste les interviewait. L’article paraissait dans le Périscope (version papier) et sur notre site internet, donnant ainsi toute la visibilité à ceux qui en avaient besoin. Nous avions également créé une plateforme de mise en relation sur notre site permettant d’identifier les personnes et les entreprises. On ne mettait pas de coordonnées mais il était possible de sélectionner les personnes et les entreprises que l’on souhaitait rencontrer. De notre côté, nous les contactions en tant que Périscope et on créait la relation. Ce fut positif pour l’ensemble des participants. Autre moment important : En 2019, nous avons fêté nos 10 ans, avec 550 personnes à l’Apériscope qu’on avait organisé avec l’Ed&n de Sausheim. Un bon moment.
Une relation d’associés, c’est un peu comme un mariage. Qu’est-ce qui permet de tenir 18 ans sans divorcer ?
CP : Le secret d’une relation de travail qui dure longtemps est basée sur la confiance, l’écoute et aussi un peu la mise en sommeil de son égo car il faut faire parfois des concession, trouver des consensus. L’important est de toujours tirer dans le même sens et de connaître les objectifs. S’ils sont communs tout se passe bien et on gagne.
AH : On a chacun nos vies aussi et des caractères différents. Ça aussi c’est important. On est le parfait binôme de business. Nos actions et nos compétences sont complémentaires. Un bon directeur commercial avec un bon Directeur Artistique et au-delà de ça, pour nous, il n’y pas meilleur sur le marché que l’autre. Beaucoup de nos clients adorent notre complémentarité et notre complicité.
Une question qu’on nous a déjà posé sur Open. Quel avenir pour le papier ?
CP : Le papier n’est pas mort. J’ai longtemps travaillé dans la presse, la reprographie. On nous prédisait déjà il y a 20 ans que le papier allait mourir et finalement il est partout. Quand on l’utilise bien, c’est un produit formidable. Beaucoup de gens y trouvent encore leur compte. Le papier est géré plus durablement qu’avant, il y a cette sensation au toucher, dès l’ouverture du journal, l’odeur de l’encre qui en fait un moment particulier. Quelque part, je pense que c’est bien de découvrir quelque chose dans un format papier. Lorsque les gens se voient dans le journal, cela procure une expérience que le numérique ne peut pas procurer. Les annonceurs aussi se sentent mieux valorisés. Et enfin, les gens le conservent ou l’encadrent selon qu’ils soient dessus ou non.
Le Périscope accompagne les entreprises locales depuis bientôt 15 ans. Quel regard portez-vous sur l’évolution du monde entrepreneurial ?
AH : Je dis toujours qu’en France, c’est facile de monter une boîte. La faire durer, ça devient une autre histoire. Il y a un pourcentage important d’entreprises qui ne tiennent pas 5 ans. Il est vrai que depuis presque 20 ans, nous avons dû saisir les opportunités de se réinventer continuellement. C’est ce qui nous fait durer. Et surtout, nous avons su nous entourer de talents qui maîtrisent les codes actuels. En tant qu’ « anciens », on leur apprend les fondamentaux : le management, la relation client, la gestion. Il y a un transfert de compétences, dans les deux sens. C’est important car ce sont les entrepreneurs de demain.
Quel est votre avis sur le contexte économique ?
AH : Nous avons continuellement notre destin entre nos mains. Nous sommes très pragmatiques, même si nous œuvrons dans un métier plutôt créatif. Nous avons besoin de chiffre d’affaire ? Allons chercher des clients ! Notre réseau (notamment nos associés sur d’autres entreprises) est aussi sur le terrain pour décrocher des contrats. Plus on travaille, plus on trouve des clients. Le tout c’est de garder les existants en faisant un travail de qualité. Ce qu’on veut dire c’est que quelle que soit l’économie actuelle, bonne ou mauvaise, nous avons le devoir de nous retrousser les manches et d’y aller.
Que faut-il faire aujourd’hui pour qu’une entreprise fonctionne ?
CP : Travailler. C’est bête, mais c’est ça le secret. Mais ça veut dire aussi du courage, de la conviction, aimer et faire aimer ce que l’on fait. Il faut être positif, parce que si tu te lèves le matin les pieds devant, tu ne fais rien. Aujourd’hui, il y a une forme de morosité ambiante. Malgré tout, on se rend compte que les gens positifs s’en sortent bien. C’est qu’il doit y avoir quelque chose.
Quels sont les enjeux pour les entreprises dans les prochaines années selon vous ?
AH : Dans un premier temps, il y a le remboursement du PGE qui met à mal nos trésoreries et donc nos entreprises. On l’observe sur les délais de paiement qui sont en nette augmentation, plus particulièrement dans nos métiers de service. Je pense aussi qu’il y aura de plus en plus de petites structures, moins lourdes financièrement. On le voit déjà dans le monde de la communication. Et c’est aussi une nouvelle philosophie de vie des nouveaux entrepreneurs qui souhaitent avoir une liberté totale, sans trop d’engagements. Mais je dis peut-être une bêtise.
CP : Le futur c’est maintenant. Nous avons deux tendances, deux types d’entreprises : celles qui vont aller de plus en plus vite, qui vont faire le digital de demain. C’est plutôt la jeune génération qui va rentrer dedans, normal. Puis il y aura ce que j’appelle les fondamentales, les entreprises qui souhaitent faire perdurer un métier, donner envie à d’autres jeunes de reprendre le flambeau, d’être forgeron par exemple ou agriculteurs. Je vois une forme d’opposition entre un monde digital débridé et des métiers en quête de sens. Mais finalement, je n’ai pas de boule de cristal.
Si vous pouvez changer quelque chose dans le monde, ça serait quoi ?
CP : L’individualisme ambiant. On l’est tous un peu à la base, c’est certain et c’est sain mais je trouve que depuis l’épisode COVID, notre monde a changé. L’individualisme est exacerbé notamment pour la jeune génération alors qu’on pensait tous qu’il y aurait plus d’entraide. On manque de personnes qui veulent s’engager dans les entreprises, grandir avec elles et les faire évoluer. Pourtant, on en a besoin. Le tout est à mon sens de savoir saisir les envies, les besoins de ces nouveaux collaborateurs pour en faire une force. C’est certainement une vue de l’esprit, un choc des générations, qui sait. Peut-être que c’est nous les vieux c…s et que c’est nous que devons changer. Donc j’hésite à changer l’individualisme ou me changer moi. À cela se rajoute le fait que le Monde est fou, mais ça, c’est une autre histoire…
Anthony Hernu & Charles-Alexandre Plaisant
Le Périscope & Agence Cactus
8 rue des Cailles
68270 Ruelisheim
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